Avec notre correspondant à Moscou, Daniel Vallot
L’image tourne en boucle sur les chaînes de télévisions russes : Vladimir Poutine est au volant d’un poids lourd orange, à la tête d’un convoi d’une dizaine de camions filant à toute allure sur le pont de Crimée. Arrivé de l’autre côté, le président russe descend du poids lourd et salue devant les caméras, une journée qu'il qualifie d'historique pour la Russie :
« A plusieurs époques de notre histoire, même sous le tsar, les gens rêvaient de ce pont. Ils ont essayé à nouveau dans les années 30, 40, 50, et enfin, grâce à vous, ce projet, ce miracle a eu lieu. C’est un résultat remarquable qui nous rend plus proches de la Crimée et qui va la rendre plus forte. Cela nous permettra de développer son économie et d’améliorer la qualité de vie de ses habitants. »
Vladimir Poutine aura tout fait pour que ce chantier soit terminé le plus rapidement possible. Le pont de Crimée devait être livré fin 2018, mais le président russe a exigé et obtenu une ouverture anticipée pour les automobilistes, afin, a-t-il déclaré, que les gens puissent se rendre en Crimée pour la saison estivale.
Tourisme
C'est là d'ailleurs le premier objectif de ce pont : ouvrir la Crimée aux touristes russes qui pourront s'y rendre encore plus nombreux et avec leurs véhicules. Le tourisme étant « considéré » par les autorités russes comme l'un des axes de développement de la péninsule. L'autre objectif sera de désenclaver le territoire annexé, car, bien évidemment il n'est plus question d'approvisionner la péninsule depuis l'Ukraine comme c'était le cas auparavant.
Une dimension géopolitique
Depuis 2014, le territoire dépend des liaisons aériennes et maritimes pour être ravitaillé, le pont doit donc permettre de contourner cet obstacle. Et puis il y a bien sûr la dimension géopolitique : Vladimir Poutine veut faire de ce pont le symbole du rattachement de facto du territoire ukrainien à la Russie. Un rattachement qui est toujours considéré comme illégal par les autorités ukrainiennes et par les pays occidentaux. Le pont a été dénoncé par l’Ukraine comme une violation inacceptable de son intégrité territoriale.