L’Espagne retire le mandat d’arrêt européen contre Puigdemont

Le Tribunal suprême espagnol a annoncé mardi 5 décembre le retrait du mandat d'arrêt international visant l'ex-président de Catalogne Carles Puigdemont et quatre membres de son ancien gouvernement, expliquant qu'ils avaient manifesté leur intention de rentrer en Espagne pour participer aux élections catalanes du 21 décembre. Les cinq responsables catalans ont fui en Belgique après la proclamation unilatérale d'indépendance par le Parlement catalan le 27 octobre, décision jugée illégale par la justice espagnole. Ils sont poursuivis pour sédition, rébellion et détournement de fonds publics.

Avec notre correspondant à Madrid,  François Musseau

En annulant le mandat d’arrêt européen contre le leader séparatiste Carles Puigdemont, le magistrat du Tribunal suprême espagnol Pablo Llarena a un objectif en tête : faire en sorte que le chef de file catalan, le président de la région destitué par Madrid, soit condamné pour des faits graves et puisse encourir des peines de prison conséquentes.

Si, en effet, la justice belge se charge de juger Puigdemont, - son verdict est attendu pour la semaine prochaine , alors il se peut que l’intéressé ne soit puni que pour malversation, ce qui dans la pratique pourrait pour lui ne signifier qu’une peine d’inéligibilité.

Or, dès lors qu’il n’y a plus de mandat, c’est la justice espagnole seule qui peut le juger. Concrètement, cela voudra dire que dès que Puigdemont met un pied en territoire espagnol, il sera détenu et jugé pour rébellion contre la légalité, ce qui est un chef d’accusation bien plus grave.

Certes, le leader séparatiste peut décider de rester en Belgique, et ne pas se rendre en Espagne, mais alors il ne pourra peser d’aucune façon dans ces élections. Il ne sera qu’un leader spectateur et sans réel pouvoir d'influence.


Les réactions à Barcelone

La décision du Tribunal suprême espagnol a provoqué de nombreuses réactions en Catalogne.

Avec notre correspondante à Barcelone,  Leticia Farine

Si le président et ses ex-ministres décident de rentrer en Espagne, ils finiront dans la même situation qu'Oriol Junqueras, l'ex-numéro deux du gouvernement catalan actuellement en détention provisoire avec trois autres leaders indépendantistes. C'est ce qu'a déclaré mardi Marta Rovira, la tête de liste de la coalition Esquerra Republicana de Catalunya Sí (ERC-CATSÍ) avant de dénoncer une manipulation juridique.

Pour Carles Mundó, ex-ministre régional libéré lundi sous caution, « la justice espagnole a rectifié sa position (...) car elle savait pertinemment que la justice belge, elle, ne retiendrait pas les délits de sédition et de rébellion contre les anciens membres du gouvernement catalan ».

Du côté des unionistes, le candidat de droite du Parti populaire (PP) catalan Xavier Albiol a salué cette décision. « Il est évident que Puigdemont et ses compagnons d'infortune vont se confronter à la riposte adéquate de l'Etat de droit (...) l'Espagne est un pays exemplaire où la justice finit par remettre à sa place ceux qui ont essayé de mener un coup d'Etat », a-t-il déclaré.

Ines Arrimadas, la leader du parti de centre droit Ciudadanos a, elle, déclaré respecter la décision du juge même si elle a accusé les indépendantistes de jouer la carte de la victimisation judiciaire.

 Carles Puigdemont a déjà fait savoir par ses avocats qu'il resterait en Belgique au moins jusqu'à la date des élections.

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