Avec notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette
Depuis des années, le président turc se veut le défenseur des communautés turcophones d'Asie centrale. En 2015, Recep Tayyip Erdogan avait dénoncé l'attitude de Pékin, et des ultranationalistes avaient mené une campagne violemment anti-chinoise, pour protester contre le sort réservé aux Ouïghours.
Mais en pleine crise diplomatique avec l'Europe et les Etats-Unis, les opportunités commerciales et stratégiques avec Pékin semblent maintenant plus importantes. Les activités en Turquie de cellules ouïghoures ayant prêté allégeance à l'organisation État islamique ont peut-être également refroidi les autorités turques. Désormais la Turquie annonce vouloir développer les liens culturels et économiques avec la Chine, le pays veut attirer 3 millions de touristes chinois par an.
Mais si Ankara devait tourner le dos aux Ouïghours, ce pourrait être un mauvais signal envoyé aux milieux ultranationalistes dont la majorité soutient Recep Tayyip Erdogan, mais qui pourraient ne pas comprendre qu'un peuple « frère » soit abandonné au profit de Pékin.