Avec notre correspondante à Shanghai, Delphine Sureau
Des professeurs de l’université d’Urumqi distribuant en plein jour des pastèques aux étudiants ouïghours pendant le ramadan… C’est cette image qui a choqué les Turcs. Preuve que les autorités chinoises font tout pour casser le jeûne de cette ethnie musulmane et turcophone vivant au Xinjiang, dans l’ouest de la Chine.
Or depuis longtemps, la Turquie protège les minorités turcophones d'Asie centrale. Des manifestations ont donc éclaté fin juin à Istanbul : des drapeaux chinois ont été brûlés, un restaurant saccagé. Le ministre turc des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur chinois à Ankara. Dans le même temps, la Turquie a accueilli 170 réfugiés ouïghours ayant fui la Chine, via la Thaïlande.
Assimilation forcée
Les Ouïghours dénoncent une politique d’assimilation forcée en Chine, le bafouement de leur culture et de leur religion. Les intellectuels et militants musulmans sont systématiquement soupçonnés de terrorisme. Encore plus depuis que des séparatistes ouïghours multiplient les attentats.
Ces tensions placent donc la Turquie dans une position délicate. Si en 2009, le président Erdogan, alors Premier ministre, avait dénoncé un quasi génocide, il sera sans doute plus mesuré lors de sa visite en Chine qui vise à renforcer les liens économiques entre les deux pays.