Turquie: dialogue de sourds au Parlement

La Turquie a poursuivi mercredi les raids contre les rebelles kurdes et donné un feu vert décisif aux Américains dans la lutte antijihadiste, tandis que son Parlement s'est réuni en urgence pour débattre de la «guerre contre le terrorisme» engagée par le gouvernement. Les députés ont dit non à une commission d’enquête.

Avec notre correspondant à IstanbulJérôme Bastion

Malgré un vibrant plaidoyer du député du CHP à l’origine de cette initiative, Levent Gök, qui a lancé un appel à l’union sacrée en affirmant que « l’antidote au terrorisme, c’est l’unité nationale », cette réunion restera comme un coup d’épée dans l’eau alors que, tout le monde en a convenu, de grands dangers attendent la Turquie.

Cela n’est pas franchement une surprise, parce que cette convocation du Parlement remonte au lendemain de l’attentat de Suruç, et c’est donc l’organisation Etat islamique, éventuellement ses liens avec l’Etat turc, ou à tout le moins les défaillances des services de sécurité qui étaient sur la sellette.

L’AKP, parti de gouvernement, s’est opposé à toute investigation et il a été soutenu par le petit parti ultranationaliste. Ces trois heures de débat ont souvent ressemblé à un dialogue de sourds entre la droite et la gauche du Parlement, les premiers stigmatisant à outrance la rébellion kurde et le HDP jugé complice, les seconds dénonçant les errements de la politique syrienne de la Turquie depuis quatre ans, et un soutien sans discernement à des groupes islamistes, salafistes, jihadistes qui représentent une vraie menace intérieure pour la Turquie.

Mais l’introspection n’ira pas plus loin, et le porte-parole du gouvernement a été très clair : Les opérations antiterroristes se poursuivront comme elles ont commencé, c’est-à-dire essentiellement contre le PKK.

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