Avec notre correspondante à Rome, Anne Le Nir
Le ton courroucé des ministres italiens des Finances et du Développement économique reflète la façon dont l’Italie interprète la décision de nationaliser temporairement STX France.
Ils insistent sur le fait que « les accords conclus » à l’époque où François Hollande était encore président de la République « garantissaient la protection des emplois en France et une perspective authentiquement européenne ».
Ils répètent qu’« il n'y a aucune raison pour que Fincantieri ne puisse détenir la majorité de STX jusqu'à présent sous le contrôle d'un groupe coréen ». Leur communiqué s’achève par ce constat : « le nationalisme et le protectionnisme ne sont pas des bases acceptables sur lesquelles régler les rapports entre deux grands pays européens ».
En somme, la réunion entre les représentants de l’exécutif italien et le ministre Bruno Le Maire, attendu à Rome le 1er août, s’annonce houleuse. Ses interlocuteurs précisent qu’ils écouteront les propositions du gouvernement français mais « en partant de la base incontournable qu’est le contrôle de STX par Fincantieri ».
Si les discussions vont donc se poursuivre, elles devraient être davantage d'Etat à Etat, que d’entreprise à entreprise. Pour convaincre les Italiens, le ministre français de l’Economie avait laissé entendre que la France se montrerait « ouverte » à des coopérations militaires, ce qui intéresse le constructeur naval Ficantieri. L'entreprise a travaillé avec son rival français DCNS sur plusieurs appels d'offres. En cas d’accord, cela pourrait jeter les bases d'une coopération sur le plan militaire, avec en ligne de mire la consolidation de l'industrie navale militaire européenne. Cela permettrait aussi d'éviter aux uns et aux autres de se retrouver en concurrence frontale entre Européens, sur certains marchés à l'export.
Macron appelle Gentiloni pour le rassurer
Le président français Emmanuel Macron a appelé jeudi le chef du gouvernement italien Paolo Gentiloni pour « dissiper toute mauvaise interprétation » de la décision française de nationaliser provisoirement les chantiers navals STX France et assurer qu'il souhaitait « un accord qui fasse une large place » au groupe italien Fincantieri, a indiqué l'Élysée.
« C'est évidemment une décision transitoire pendant laquelle les discussions continuent pour trouver un accord et notre souhait est évidemment que cet accord fasse une large place à Fincantieri », a fait valoir l'Élysée, assurant que « M. Gentiloni était très apaisé » à l'issue de sa conversation avec Emmanuel Macron.
RFI