La France nationalise temporairement les chantiers navals STX de Saint-Nazaire

Bruno Le Maire, ministre français de l'Economie, a annoncé ce jeudi la nationalisation temporaire de STX France, faute d'accord avec l'italien Fincantieri. Il a assuré qu'il en coûterait 80 millions d'euros aux finances publiques et que la société STX qui contrôle les chantiers navals n'a pas vocation à rester dans le giron de l'Etat. « Nous voulons, dit-il, construire un projet européen avec l'Italie et Fincantieri».

Les Italiens ne voulaient pas d’un accord de partage 50/50 des chantiers navals STX avec la France. La méthode douce tentée par Paris pour conserver dans son giron le fleuron français a aussitôt été retoquée à Rome. Il a donc fallu trancher et agir.

L’Elysée et Bercy ont donc décidé d'utiliser leur droit de préemption et de nationaliser temporairement le constructeur naval. Cette mesure est surtout un bon moyen de gagner du temps. En effet, le gouvernement n’entend pas rester propriétaire des chantiers, mais pourra reprendre et mener des négociations sans courir la montre.

Sans action de l'Etat français, les chantiers seraient devenus italiens dès vendredi, selon l'accord trouvé en avril sous la présidence de François Hollande.

Mais accepter le rachat de l'entreprise par le groupe public italien Fincantieri, c'est un peu faire entrer le loup dans la bergerie, sur le fond comme sur la forme. L’italien est le grand rival historique des chantiers de l'atlantique, numéro 1 de la construction navale en Europe. Son activité fait écho à celles des chantiers de Saint-Nazaire, il y avait donc aussi des craintes pour l'emploi. Aujourd’hui, les carnets de commandes sont bien remplis alors qu’il y a 10 ans, les chantiers avaient frôlé la faillite.

■ Fincantieri et Naval Group ex-DCNS, plus concurrents que complémentaires

Dans le secteur de l'industrie navale de défense, les deux constructeurs présentent un catalogue similaire : frégates, dont le FREMM qui a été dessiné en coopération avec les Italiens dans les années 90, sous-marins, ou gros navire de débarquement comme le Mistral en France, ou le Cavour en Italie. Les deux entreprises sont concurrentes, mais réfléchiraient à un rapprochement dans le secteur de la défense.

Problème : Saint-Nazaire est le seul chantier français d'où peuvent sortir des gros navires d'où la dimension stratégique brandie par Paris. Second problème: le marché de la croisière qui constitue l'essentiel de l'activité du chantier est un marché cyclique, ce qui implique d'énormes variations de trésorerie en fonction des années. Les commandes militaires sont considérées comme plus stables. Saint-Nazaire est assuré de fabriquer des bateaux de luxe jusqu'en 2026. Mais que se passera-t-il après ?  En cas de baisse de l'activité , Fincantieri pourrait être tenté de rapatrier la charge de travail en Italie voir transférer des pans entier de l'activité croisière en Chine, où le constructeur italien travaille étroitement avec la  société chinoise CSSC depuis 2014.

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