Avec notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette
La réponse officielle a été rapide et cinglante : « Les propos de Sigmar Gabriel sont inacceptables. C’est, selon le porte-parole de la présidence, un acte politique irresponsable qui sert à des fins électorales quelques mois avant les élections allemandes. »
Ce qui inquiète Ankara au-delà de cette mise en garde aux ressortissants allemands, c’est, de manière plus générale, cette volonté affichée de Berlin de « réorienter » totalement sa politique envers la Turquie.
C’est la première fois, depuis le début de la crise diplomatique entre les deux pays, que l’Allemagne menace de poser des gestes qui pourraient avoir des conséquences économiques. Les Allemands sont les premiers visiteurs en Turquie. L’Allemagne est aussi le premier partenaire économique de la Turquie, le premier débouché pour les produits turcs à l’exportation.
Gabriel, Merckel et Schulz sur la même longueur d’ondes
Pour Sigmar Gabriel, l'idée d'une ouverture de l'union douanière européenne à Ankara n'est plus envisageable. Cette attitude face à la Turquie a été déterminée en accord avec la chancelière et le président du SPD, et rival d’Angela Merkel aux prochaines législatives, Martin Schulz, qui était en visite à Paris, à Sciences Po où il était venu parler de l’Europe, jeudi 20 juillet. « La Turquie a largement dépassé les lignes rouges. Donc, logiquement, le gouvernement fédéral a dû réagir de la manière dont Sigmar Gabriel l’a fait », a-t-il confié.
Il y a de la colère et de l’inquiétude, en Turquie, mais aussi des interrogations. La presse turque s’interroge sur la capacité de l’Allemagne à réellement pouvoir frapper la Turquie sur le plan économique alors qu’Ankara peut toujours sortir de sa manche la menace de rompre les accords sur les réfugiés.