Avec notre correspondant dans la région, Laurent Geslin
Comment les familles des victimes ont-elles accueilli le réquisitoire du procureur du TPIY, qui a demandé la prison à vie pour le général Ratko Mladic ? Avec un certain soulagement sans doute mais aussi avec une infinie lassitude.
Car, plus de 20 ans après la fin de la guerre, et alors que la situation économique de la région est toujours aussi désastreuse, pas un homme politique ne s'est exprimé pour défendre ou condamner l'ancien militaire.
Seul Glas Srpske, le principal quotidien de l'entité serbe de Bosnie-Herzégovine, s'est indigné qu'aucun nouveau décompte des victimes de Srebrenica n'ait été effectué, tentant de minimiser l'ampleur du massacre génocidaire de 1995.
Conflit du siècle passé
Le seul à s'être exprimé dans les médias est le propre fils de Ratko Mladic, Darko, qui a fustigé le manque de preuves de l'accusation.
De fait, le régime serbe du Premier ministre Aleksandar Vucic semble avoir compris que les souvenirs des années 1990 ne sont plus suffisants pour mobiliser le vote nationaliste. Et en Bosnie-Herzégovine, les jeunes nés après la guerre espèrent surtout trouver un emploi en Allemagne, plutôt que d'écouter les fantômes d'un conflit qui appartient déjà au siècle passé.