Un candidat serbe en passe de devenir maire de Srebrenica

Les résultats se font encore attendre, mais la tendance ne bougera plus : pour la première fois depuis 1995, un candidat serbe est en passe de devenir maire de Srebrenica, lors des élections municipales de dimanche 2 octobre.

Avec notre correspondant à BelgradeJean-Arnault Dérens

Dès dimanche soir, une ambiance de revanche régnait dans les rues de Srebrenica, la petite ville martyre de l’est de la Bosnie, ou au moins 7 000 Bosniaques furent massacrés en juillet 1995 par les hommes du général Mladic.

« Ici, c’est la Serbie ! », scandaient les militants, pour fêter la victoire de leur candidat, Mladen Grujicic, soutenu par tous les partis serbes, qui l’emporte très largement sur le maire sortant, le Bosniaque Camil Durakovic.

Avant-guerre, la commune de Srebrenica comptait 43 000 habitants, contre 5 000 à 6 000 tout au plus aujourd’hui, pour moitié Serbes et pour moitié Bosniaques. En vérité, ces chiffres importent peu, car en Bosnie-Herzégovine, les électeurs conservent leur droit de vote dans la commune où ils étaient inscrits en 1991, même s’ils en ont été chassés durant la guerre et ne sont pas revenus y vivre.

Malgré le souvenir écrasant du massacre, Srebrenica était, paradoxalement, une commune où Bosniaques et Serbes avaient réappris, plutôt bien, à vivre ensemble.

La victoire de Mladen Grujicic s’explique par la mobilisation supérieure des nationalistes serbes, mais elle pourrait être lourde de conséquences. Lundi, certains évoquaient déjà un nouvel exode des Bosniaques revenus vivre à Srebrenica ces dernières années.

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