Turquie: l’état d'urgence prolongé de trois mois

En Turquie, l'état d'urgence décrété après la tentative de coup d'État du 15 juillet sera prolongé de trois mois. L'annonce a été faite ce lundi soir 3 octobre à l'issue d'un Conseil des ministres présidé par le chef de l'Etat Recep Tayyip Erdogan. Cette mesure donne toute latitude au pouvoir pour continuer la grande purge en cours dans l'administration.

Avec notre correspondant à Istanbul,  Anne Andlauer

Le vice-Premier ministre turc Numan Kurtulmus, qui prédisait le 20 juillet qu'un mois et demi d'état d'urgence serait sans doute suffisant, vient donc d'annoncer sa prolongation pour trois mois à compter du 19 octobre. Ceci, a-t-il expliqué, pour « nettoyer l'Etat des organisations terroristes ».

Le Conseil des ministres pourra continuer de gouverner par décrets-lois, sans presque aucun contrôle constitutionnel ou parlementaire. En deux mois et demi, plus de 100 000 fonctionnaires ont été suspendus ou limogés pour des liens présumés avec Fethullah Gülen - cet imam accusé d'être l'instigateur du coup d'Etat manqué - ou avec le Parti des travailleurs du Kurdistan.

Les maires de 28  villes ont été révoqués pour les mêmes raisons, et plus de 32 000 personnes emprisonnées. L'allongement de l'état d'urgence annonce d'autres arrestations et d'autres purges dans la fonction publique.

La mesure doit encore être adoptée au Parlement, mais ce sera une formalité, en dépit des protestations des deux principaux partis d'opposition, qui accusent le pouvoir de prendre goût à ce régime d'exception. Le président Recep Tayyip Erdogan déclarait récemment qu'un an d'état d'urgence ne suffirait peut-être pas.

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