Avec notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette
Vingt-huit maires ont été limogés et remplacés par des administrateurs. Quatre d’entre eux sont soupçonnés d’être proches de l’imam Fethullah Gülen, mais dans tous les autres cas il s’agit de maires du Sud-Est à majorité kurde, accusés d’être sympathisants du PKK, de « prendre leurs instructions depuis les monts Qandil », selon le ministre de l’Intérieur en référence au commandement du PKK installé dans le nord de l’Irak.
Après la suspension de 11 000 enseignants soupçonnés de soutenir les séparatistes kurdes, cette deuxième phase des purges se poursuit et vise donc les mouvements pro-kurdes jugés « terroristes » par Ankara. L’opposition pro-kurde du HDP dénonce des mesures qui violent les conventions internationales, le parti CHP kémaliste parle lui d’un putsch politique.
« La liberté de penser n’existe plus »
L’éviction de maires kurdes parfois élus avec plus de 80% des voix pourrait bien déclencher de nouvelles tensions dans le sud-est du pays : déjà, des manifestations pour dénoncer le limogeage des maires ont eu lieu et ont été dispersées par les forces de l’ordre.
A noter également que les arrestations se poursuivent dans le milieu de la presse avec notamment celle d’Ahmet Altan, figure historique de la presse turque, arrêté samedi 10 septembre pour des propos tenus la veille du putsch raté sur les ondes d’une chaîne TV güleniste qui a été fermée depuis. En réaction à cette arrestation, le lauréat du Nobel de littérature Orham Pamuk a déclaré dimanche que « la liberté de penser n’existe plus », et dénonce « un régime de terreur » qui s’installe en Turquie.