Le président turc Recep Tayyip Erdogan a défendu jeudi la reconduction attendue de l'état d'urgence en vigueur depuis le putsch avorté de juillet, laissant entendre qu'il pourrait rester en place jusqu'à douze mois.
Le Conseil national de sécurité, présidé par Erdogan, avait recommandé mercredi au gouvernement de prolonger l'état d'urgence imposé pour trois mois après le coup manqué et qui doit expirer le 20 octobre.
Le Conseil « a estimé que la période de trois mois n'était pas suffisante et qu'il était dans l'intérêt de la Turquie de la prolonger de trois mois », a expliqué le président turc lors d'une allocution devant des élus locaux à Ankara. « Même douze mois pourraient ne pas être suffisants », a-t-il ajouté. « Le gouvernement va prendre les mesures nécessaires. »
Officiellement, il s’agit de garantir la protection de la démocratie turque, ainsi que les droits et les libertés des citoyens, mais la prolongation de l’état d'urgence est une nouvelle inquiétante.
Des purges d'une ampleur inédite
Depuis trois mois, la Turquie fait face à des purges de grande ampleur. Elles visent les partisans du prédicateur Fethullah Gülen. Ancien allié de Recep Tayip Erdogan, il est accusé d'être l'instigateur du coup d'Etat. Des militaires, des juges, des policiers des journalistes ont été arrêtés. En tout, 70 000 personnes sont poursuivies, il y a déjà eu 32 000 arrestations et tous les jours de nouvelles cibles sont désignées.
Près de 11 000 professeurs ont été suspendus juste avant la rentrée des classes, 322 fonctionnaires du ministère de la Jeunesse et des Sports relevés de leurs fonctions, en raison de liens présumés avec l'organisation guléniste. Même les services de renseignements ont été touchés : 87 de ses membres ont été limogés.
Les purges ne visent pas que les gulénistes. Les Kurdes et les militants de gauche soupçonnés de liens avec les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan sont aux premières loges. Aujourd'hui, c'est la diffusion de dix chaînes de télévision pro-kurdes qui a été suspendue, y compris une chaîne pour enfants. Pour faire de la place dans les prisons, le gouvernement a été contraint de libérer cet été 38 000 condamnés.