Des députés allemands sur la base d’Incirlik: le signal d’apaisement d’Ankara

Le litige germano-turc qui envenime les relations entre les deux pays depuis trois mois semble dissipé. En juin dernier, l'adoption par le Parlement allemand d'une résolution reconnaissant le génocide arménien par les Turcs avait provoqué la colère d'Ankara. La Turquie avait depuis empêché la visite de députés allemands sur la base d'Incirlik où 240 soldats de la Bundeswehr sont déployés et participent aux opérations contre l'organisation Etat islamique. Mais ce jeudi 8 septembre, Ankara a donné un signal d'apaisement en levant cette interdiction.

Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut

« Ils ont compris qu’ils ne pouvaient pas traiter notre pays comme bon leur semble. » Le ministre turc des Affaires étrangères a analysé le bras de fer, qui dure depuis trois mois avec Berlin, sur le droit de visite des députés allemands sur la base d’Incirlik, comme une victoire pour Ankara. « Nous avons clairement dit à l’Allemagne quelles étaient les conditions et elle les a remplies », a ajouté Mevlüt Cavusoglu.

Le ministre n’a pas précisé ces conditions, mais il est clair que la prise de position du gouvernement allemand, en fin de semaine dernière, sur la résolution votée en juin par le Bundestag et qualifiant de « génocide » les massacres d’Arméniens par les Turcs en 2015, en faisait partie.

Durant ces quelques mois de tension, les députés allemands, qui doivent autoriser annuellement les diverses interventions de la Bundeswehr, menaçaient de ne pas renouveler le mandat en décembre. 240 soldats sont déployés sur la base de l’Otan d’Incirlik où ils soutiennent avec des avions de reconnaissance l’intervention contre l’organisation Etat islamique.

Ce jeudi, le ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a salué la décision d’Ankara de lever l’interdiction faite aux députés allemands de se rendre sur cette base militaire. Berlin a annoncé des investissements en infrastructures sur place à hauteur de 60 millions d’euros.

L’opposition allemande critique la prise de distance opérée par le gouvernement sur la résolution arménienne, prix à payer pour mettre fin au litige avec la Turquie.

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