Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut
Une armée parlementaire : le terme allemand peut paraitre curieux au premier abord. Il signifie en clair que la Bundeswehr ne peut être engagée sur des théâtres extérieurs qu'après un mandat accordé par le Parlement et renouvelé en règle générale chaque année. Les députés allemands qui ont donné leur feu vert rendent visite sur le terrain à leurs troupes pour vérifier la légitimité du mandat octroyé et rencontrer les soldats. Des voyages de routine.
Sauf lorsqu'un Etat où la Bundeswehr est déployée s'oppose à de telles visites. Ankara, qui a protesté après le vote du Bundestag début juin reconnaissant le génocide arménien commis par la Turquie il y a un siècle, refuse d'accueillir les parlementaires allemands en guise de représailles. Ankara avait même refusé récemment le déplacement du secrétaire d'Etat à la Défense d'où la décision de la ministre Ursula Von der Leyen de se rendre elle-même sur la base d'Incirlik, mais sans parlementaires.
Angela Merkel a tenté, en marge du sommet de l'OTAN ce week-end, de briser sans succès la résistance d'Ankara. En Allemagne, le ton monte. Dans la majorité comme dans l'opposition, des voix s'élèvent pour demander le retrait des soldats allemands si la Turquie ne devait pas céder.