Avec notre bureau à Bruxelles, Pierre Bénazet
« Nous ne voulions pas nous soumettre aux exigences américaines », a affirmé ce dimanche 28 août, le ministre de l'Economie d'Angela Merkel. Des déclarations qui ne sont pas de bon augure pour l'avenir de ce traité. En augurant que traité commercial transatlantique serait mort-né, Sigmar Gabriel avance à la fois sa propre opinion et celle de sa famille politique.
Mais ces déclarations sont pour l'instant vouées à rester des opinions, car Sigmar Gabriel a beau être vice-chancelier et ministre de l'Economie, son parti social-démocrate continue de devoir composer avec les chrétiens-démocrates au sein de la coalition fédérale et Angela Merkel continue pour sa part à souhaiter la conclusion du traité. Les déclarations de Sigmar Gabriel sont peut-être annonciatrices de ce que sera la campagne électorale allemande de 2017, mais elles n'en reflètent pas moins l'état des négociations euro-américaines.
Ces prédictions de Sigmar Gabriel sont un clou de plus pour le cercueil du traité transatlantique. Depuis le début, l'avenir a eu du mal à être souriant pour le TTIP, acronyme de son nom anglais, « traité pour l'investissement et le commerce ». Il a été rapidement voué aux gémonies par une frange importante de l'opinion européenne, de la droite souverainiste à la gauche anti-libérale.
Mais l'attitude des négociateurs eux-mêmes a rendu cahoteux le chemin des négociations. Il y a eu d'abord les difficultés pour les 28 Etats-membres de s'accorder sur le mandat de négociation à donner à la Commission européenne, par exemple sur la question de l'exception culturelle. Il y a eu ensuite l'attitude des négociateurs avec en particulier une violente dénonciation par les députés européens de l'impossibilité de consulter les documents de négociation autrement qu'aux conditions fixées par les États-Unis.
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Et désormais, le manque de progrès tangibles, la perspective de la fin du mandat de Barack Obama qui avait préconisé ce traité transatlantique et les incertitudes commerciales liées au Brexit apparaissent comme autant d'éléments annonciateurs d'un échec des négociations du TTIP, comme lors des deux précédentes tentatives de traité transatlantique.