avec notre envoyé spécial à Hanovre, Pascal Thibaut
La foule était très nombreuse devant l'opéra de Hanovre point de départ de la manifestation d'une vingtaine d'organisations opposées au projet de Traité transatlantique de libre-échange entre les Etats-Unis et l'Union européenne. Des jeunes et des retraités, des militants purs et durs d'extrême gauche et des familles bon chic bon genre avaient répondu à l'appel de partis de gauche, d'organisations de défense de l'environnement, de syndicats et autres mouvements anti-mondialisation comme Attac.
« No, we can't ». Le rejet était clair comme l'utilisation déformée du célèbre slogan de campagne de Barack Obama attendu ce dimanche à Hanovre. Les manifestants - 35.000 d'après la police, 90 000 d'après les organisateurs - reprochent au projet de Traité transatlantique de libre-échange son manque de transparence. Beaucoup réclamaient d'ailleurs un référendum. Et de nombreuses craintes ont à nouveau été exprimées contre le risque de voir des normes européennes pour l'environnement ou les conditions de travail mises à mal.
La mobilisation reste très importante en Allemagne, bien plus que dans d’autres pays contre le projet d'accord de libre-échange transatlantique (TTIP ou TAFTA). Un dernier sondage publié cette semaine témoigne du désamour des Allemands à l'égard de ce projet de traité : à l'automne dernier, une grande manifestation contre le traité avait rassemblé entre 150 et 250 000 personnes à Berlin et aujourd'hui 17 % le soutiennent contre 55 % il y a encore deux ans.
Pourtant Angela Merkel a encore répété ce samedi matin que toutes les normes européennes seraient garanties. Barack Obama, dans une interview au quotidien Bild Zeitung a également plaidé pour ce traité, un des meilleurs moyens de soutenir la croissance et de créer des emplois, selon le président américain.
Parmi les nombreux orateurs ce samedi, Hubert Weiger le président de l'association de défense de l'environnement BUND a pris la parole et dénoncé un traité qui pour lui se traduirait dans certains domaines par des standards inférieurs aux normes valant aujourd'hui en Europe.
« Ce n'est qu'ensemble que nous pouvons espérer pouvoir faire pression sur les grandes multinationales. Merci donc à vous d'être venus à Hanovre pour lancer un appel vibrant à Merkel et Obama : "Abandonnez ce projet nuisible. Vous avez prêté serment et vous êtes engagés à défendre l'intérêt de vos concitoyens et non ceux des grandes entreprises". Notre appel ne se dirige pas contre les Etats-Unis. Nous savons que les Américains ont des normes supérieures aux nôtres dans certains secteurs Elles ont notamment permis de découvrir le scandale lamentable lié à Volkswagen. Mais il y a aussi des normes américaines inférieures aux nôtres qu'il s'agisse de l'environnement ou de l'élevage des animaux par exemple la viande aux hormones », a dit Hubert Weiger.