Royaume-Uni: la cour d'appel s’oppose au transfert de réfugiés de Calais

C’est une décision qui inquiète les associations de défense des réfugiés. Le ministère britannique de l'Intérieur a gagné en appel mardi 2 août son recours contre une décision de justice autorisant trois adolescents et un jeune adulte handicapé syriens à quitter la « jungle » de Calais pour rejoindre des membres de leur famille au Royaume-Uni.

Si la cour d’appel a décidé que les quatre jeunes gens pourront toutefois rester au Royaume-Uni où ils sont arrivés fin janvier, cette décision risque de pénaliser d'autres enfants et adolescents coincés à Calais alors qu'ils ont de la famille au Royaume-Uni, regrette notamment Clémentine Bret, de l’association Médecins du monde.

« Évidemment, pour nous, cette décision est une très mauvaise nouvelle. Ça veut dire que pour les mineurs non accompagnés, les démarches vont être compliquées, explique-t-elle. La cour d’appel rappelle qu’il faut que ces mineurs déposent l’asile en France et qu’ensuite, leur demande d’asile en France soit examinée pour savoir si c’est bien la France qui est responsable ou si ce n’est pas l’Angleterre, et ces procédures sont extrêmement longues.

Ce que l’on craint, c’est que les mineurs n’attendent pas tous ces mois-là et qu’ils continuent à prendre des risques pour rejoindre leur famille de manière illégale, mais surtout beaucoup plus dangereuse. Il y a de plus en plus de décès en tentant de traverser, car plus on ferme les frontières, plus il est dangereux de traverser, plus ça coûte de l’argent et plus on doit remettre sa vie entre les mains de trafiquants et de passeurs. Il faut que et la France et l’Angleterre simplifient au maximum les démarches de réunification familiale, particulièrement à l’égard des publics vulnérables que sont les mineurs non accompagnés. »

Selon le règlement européen appelé « Dublin 3 », une demande d'asile doit être examinée par le premier pays européen dans lequel l'étranger est arrivé. Mais le tribunal britannique avait estimé qu'en raison des « défaillances bureaucratiques » françaises et qu'en vertu du droit des réfugiés à une vie de famille, les quatre Syriens devaient être immédiatement transférés au Royaume-Uni et leur demande d'asile étudiée dans ce pays.

Quelques jours plus tard, le tribunal s'était fendu d'une mise au point, soulignant le caractère exceptionnel de sa décision, dictée par la « situation spéciale » des jeunes Syriens concernés, en raison de leur âge, leur vulnérabilité, des traumatismes psychologiques qu'ils ont subis et de leurs liens familiaux au Royaume-Uni. « Nous considérons que de tels cas seront rares », avait ajouté le juge. La Cour d'appel a enfoncé le clou ce mardi en rappelant la primauté du règlement « Dublin 3 », qui ne peut être contourné qu'en cas de raison « impérieuse ».

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