Grèce: le géant de la grande distribution Marinopoulos croule sous les dettes

En Grèce, la plus grande chaÏne de supermarchés est au bord de la faillite. Marinopoulos, la franchise locale du groupe français Carrefour, a demandé à déposer le bilan. Le tribunal doit statuer sur son sort ce vendredi 1er juillet.

Le groupe Marinopoulos cherche la protection de la justice, car l'enseigne veut éviter la saisie de ses biens. C'est ce qui est prévu par le code sur les faillites en Grèce, lorsqu'une entreprise n'arrive plus à assurer ses obligations.

Or, la presse grecque parle de 1324 milliards d'euros de dettes, dont 720 millions d'euros à 2000 fournisseurs. Le tribunal devrait donc nommer ce vendredi un administrateur judiciaire. Le groupe devra ensuite présenter un plan de restructuration qui tient la route.

Acteur majeur du secteur de la grande distribution

Fondé en 1893, Marinopoulos est le leader du secteur de la grande distribution en Grèce. Il est suivi de près par Alpha-Beta Vassilopoulos, détenu par un groupe belge. Marinopoulos emploie en tout 12 500 personnes dans 800 magasins en Grèce, mais pas seulement. Il a aussi des hypermarchés ailleurs dans les Balkans comme en Bulgarie, en Albanie, à Chypre et dans l'Ancienne république yougoslave de Macédoine.

Thomas Hortis, représentant du personnel, a déclaré à l'Agence France-Presse qu'il craignait la fermeture d'environ la moitié des supermarchés du groupe et des « suppressions d'emplois massives », dit-il. Elles viendraient s'ajouter aux 1,1 millions de chômeurs grecs, soit 24% de la population active.

Stratégie risquée en temps de crise

Manolis Chatzidakis, analyste financier en chef de Beta securities, explique que la stratégie du groupe en temps de crise n'était pas soutenable. Son erreur, c'est d'avoir accumulé les retards de paiements vis-à-vis de ses fournisseurs. Il s'agissait pour le groupe de financer ses investissements, notamment l'achat d'immobilier.

En même temps, il a tenté de garder des prix bas pour ne pas se laisser dépasser par l'arrivée de nouveaux acteurs sur le marché, comme l'enseigne Lidl par exemple. On peut y ajouter encore l'instauration du contrôle des capitaux l'année dernière qui a ralenti les paiements vers l'étranger.

Et enfin, cette semaine, l'autorité nationale des statistiques, l'ELSTAT, a montré que la consommation tourne au ralenti avec une baisse des ventes dans la grande distribution de 1,5 point en avril par rapport au même mois l'année dernière. En cause, notamment, les augmentations de taxes, celle sur la valeur ajoutée est passée récemment à 24%.

D’autres groupes dans la tourmente

Deux autres acteurs importants du marché ont fait face à des difficultés. C'est d'abord l'entreprise Atlantic qui a déposé le bilan en 2010. Elle faisait partie des cinq enseignes les plus importantes en Grèce. Elle a dû vendre la majorité de ses points de vente. Cela a ensuite été au tour de l'enseigne Veropoulos. Elle a finalement été rachetée par le groupe Metro, un signe qui avait rassuré les professionnels du secteur en ce début d'année.

Mais avec la demande de dépôt de bilan de Marinopoulos, c'est la douche froide. En début d'année, l'enseigne avait pourtant obtenu un accord avec quatre banques pour rembourser une petite partie de ses dettes. La crise est donc loin d'être finie.

A (RE)ECOUTER → Chronique d'une Grèce en crise

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