Avec notre correspondant à Vienne, Nathanaël Vittrant
Le candidat de l'extrême droite a choisi un quartier populaire de Vienne pour donner son dernier discours. Marion a largement passé l'âge de la retraite. C'est donc assise sur un banc qu'elle attend Norbert Hofer, qu'elle aime beaucoup. «Quand il dit qu'en Autriche, les Autrichiens doivent être prioritaires, ça me parle. Mais je ne suis pas une nazie pour autant ! »
A côté d'elle Eva, une bière à la main, approuve dans un allemand encore approximatif. «Je suis né en Pologne, j'aime Hofer parce que j'aime ma patrie, et ma patrie c'est l'Autriche. Aujourd'hui les enfants de notre pays ont droit à moins que les réfugiés ! »
Chemise à carreau rentrée dans le pantalon et petit pull noué autour du cou, Maximilian jure un peu au milieu d'un public largement issu des classes populaires. Mais ce militant fait partie des plus convaincus. « Avec un président FPÖ, les intérêts des Autrichiens seront mieux pris au sérieux. En temps de crise c'est important d'avoir un homme fort pour représenter l'Autriche à l'intérieur et à l'extérieur. »
«500 000 chômeurs...»
Le parti FPÖ de Norbert Hofer dénonce à longueur d’année « l’immigration massive » et une supposée « islamisation » de l’Europe. Ce qui n’empêche pas Maximilian de venir en aide aux réfugiés auprès de l’association Caritas. Et il ne voit pas de contradiction. «C’est le cœur de mon engagement politique. Il y a 6 millions de réfugiés dans le monde et à peine 30 000 en Autriche. Ensuite ça dépend : quand un réfugié est un criminel, il doit quitter le pays, la question ne se pose pas. Mais quelqu’un qui a le statut de demandeur d’asile et qui est vraiment suivi a droit à une protection temporaire. On doit lui fournir une bonne éducation, une formation professionnelle pour qu’il puisse retourner dans son pays pour le reconstruire.»
Le jeune militant n’hésite pas à rappeler que l’Autriche compte « 500 000 chômeurs ». «Cela n’aide pas de faire venir des gens qui ne savent ni lire ni écrire et dont le marché du travail n’a pas besoin, soutient-il. Et puis si on s’intéresse à la démographie, il y a un risque que dans 30 ans les jeunes Autrichiens soient en majorité musulmans. Et ça je ne le veux pas. »
« Immer Wieder Österreich » plein les platines, et c'est enfin l'heure d'écouter Norbert Hofer. Le personnage manque de charisme mais la foule est indulgente. « Je ne serai pas le président de l'Autriche, je serai président pour l'Autriche. Et je serai président. »
La soirée se termine par un appel à se rendre aux urnes. La victoire du premier tour ne sera historique pour l'extrême droite autrichienne que si elle est confirmée dimanche.