C'est un exercice de communication, pourrait-on dire, pour les autorités turques, qui veulent à tout prix faire la démonstration que la Turquie assure sa partie de l'entente, rapporte notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette. La visite a commencé par un déplacement, très rapide, dans un camp de réfugiés sous très haute sécurité, avant finalement une rencontre avec le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu pour discuter de cette question.
La visite se déroule dans un contexte assez tendu entre Ankara et Bruxelles, la Turquie qui s'inquiète de ne pas obtenir éventuellement toutes les contreparties évoquées lors de la signature de l'accord, et notamment la levée des visas pour les citoyens turcs.
La Turquie doit satisfaire à 72 critères pour que le régime des visas soit aboli d'ici fin juin. Ankara dit que c'est chose faite, mais plusieurs pays européens sont toujours très réfractaires à cette mesure très symbolique, très importante ici en Turquie et qui était certainement au cœur des discussions entre Angela Merkel et Ahmet Davutoglu. Le président Recep Tayyip Erdogan a d'ailleurs répété que sans cette contrepartie, il n'y aurait plus d'accord sur les réfugiés avec l'Europe.
« La question de l'exemption de visa est vitale pour la Turquie », a dit Ahmet Davutoglu lors d'une conférence de presse conjointe avec la chancelière allemande à Gaziantep. De son côté Donald Tusk a estimé que la Turquie était « le meilleur exemple » en ce qui concerne le traitement des réfugiés : « Aujourd'hui la Turquie est le meilleur exemple, pour le monde, sur la manière dont nous devrions traiter les réfugiés ».
« Les réfugiés doivent être pris en charge près de leur pays d’origine et dans de bonnes conditions, ce à quoi contribue la coopération entre la Turquie et l’Union européenne, a déclaré pour sa part Angela Merkel. Nous avons visité aujourd’hui le camp de Nizip où des familles sont prises en charge et où leurs enfants sont scolarisés. Il s’agit du premier camp financé par l’Union européenne que nous avons inauguré aujourd’hui. La scolarisation se met en place et chacun sait combien cela est important. Il faut aussi saluer le fait que la Turquie, en contrepartie, ait permis aux réfugiés syriens d’avoir le droit de travailler. C’est un progrès énorme qui ouvre aux personnes concernées de nouvelles perspectives. »