L'Otan et la Russie renouent le dialogue

Les vingt-huit ambassadeurs des pays de l'Alliance atlantique et leur homologue russe se réunissent, ce mercredi, au siège bruxellois de l'Otan. Une première réunion symbolique car un tel rendez-vous n'avait plus eu lieu depuis deux ans.

Avec notre bureau de Bruxelles,

C'est en juin 2014 que s'est tenu le dernier conseil Otan-Russie, trois mois après l'annexion, de la Crimée. L'Alliance atlantique avait alors décidé de suspendre toutes les formes de coopération pratique avec la Russie mais en fin de compte, ce forum de discussion politique et diplomatique a été lui aussi mis entre parenthèses.

Cependant, même si la reprise de ce dialogue revêt une importance avant tout symbolique, les sujets sur la table des 29 diplomates sont nombreux comme par exemple la situation en Afghanistan ou encore l'Ukraine où la mise en application complète des accords de Minsk et du cessez-le-feu est une des demandes principales des Alliés.

La Russie, dont le Premier ministre Dimitri Medvedev regrette, « la politique inamicale de l'Otan à son égard », a elle aussi des attentes, en particulier sur le renforcement de la présence militaire alliée à ses frontières.

La « présence avancée » de l'Otan inquiète Moscou

L'Alliance atlantique, où prévaut désormais une rhétorique digne de la Guerre froide, a mis en place ce qu'elle appelle une « présence avancée » en Europe orientale avec le retour de divisions blindées américaines, de stocks de matériel et d'armements dans des pays qui étaient autrefois membres du pacte de Varsovie.

Et il y a aussi l'actualité brûlante des interceptions qui se multiplient entre les avions et navires alliés et les appareils et sous-marins russes, des quasi accrochages de plus en plus nombreux qui amènent les Occidentaux à préconiser la réduction des risques et la prévisibilité, ce qui ne peut se faire qu'en rouvrant les canaux diplomatiques et militaires avec Moscou.


 ■ Pour la Russie, « la confiance a été détruite »

Avec notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne

Lors de leur rencontre à Moscou, les ministres français et russe des Affaires étrangères, se sont félicité de cette reprise de dialogue. Pour le chef de la diplomatie russe, il est important qu’on y parle de lutte contre le terrorisme et pas seulement de la situation en Ukraine.

Mais pour Moscou, l’essentiel n’est pas là. Le porte-parole du Kremlin a souligné que le renforcement de la présence militaire de l’Otan dans les régions frontalières de la Russie, est considéré comme une menace à sa sécurité nationale. Dans ces conditions, le Kremlin estime que le dialogue Russie-Otan ne sera pas facile. « La confiance a été détruite, et il sera très difficile de la restaurer », a déclaré Dimitri Peskov, qui parle de « triomphe de la méfiance mutuelle absolue ».

Alors pourquoi dialoguer avec un tel degré de méfiance ? Justement pour limiter les risques d’affrontements que ne souhaitent ni Moscou ni Washington, alors que les actes de provocation se multiplient. Pour assurer aussi le maintien d’un dialogue entre militaires, à la veille des élections américaines qui vont provoquer un changement d’administration aux Etats-Unis. Et pour aplanir les tensions alors que le prochain sommet de l’Otan à l’automne aura lieu… en Pologne.  

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