Tout un symbole : le souverain pontife s’est rendu dans le centre de rétention fermé de Moria, emblème du durcissement européen sur la question migratoire. « Chers amis, je veux vous dire que vous n'êtes pas seuls (...). Ne perdez pas espoir ! », a lancé le pape en s'adressant aux internés de Moria.
Dans ce lieu, 3 000 personnes attendent leur renvoi en Turquie et dans leur pays d’origine, car elles sont arrivées après le 20 mars, date d’entrée en vigueur de l’accord UE-Turquie.
L’émotion pouvait se lire sur les visages des déplacés. Le pape François s'est immergé pendant une heure parmi eux, serrant des centaines de mains, bénissant, entendant une chorale d'adolescents ou recevant des dessins d'enfants qu'il a confiés à son entourage en faisant le geste qu'ils seraient affichés. Car pour le souverain pontife, « les migrants, avant d’être des numéros, sont des personnes. »
Passer outre le protocole
Le désespoir est palpable surtout quand le pape a décidé de passer outre le protocole et d’aller saluer ceux qu’il n’était pas censé rencontrer, les migrants dits « économiques », commente notre envoyée spéciale Charlotte Stievenard. Une femme l’a appelé et lorsqu’il est venu à sa rencontre, elle est tombée en larme à ses genoux.
Les exilés de Moria sont détenus dans des conditions dénoncées comme misérables par les ONG, après le durcissement européen face à l'exode entamé en 2015 de personnes fuyant guerres et misère.
« Nous allons aussi à un cimetière, la mer »
Après le centre fermé de Moria, le pape François est parti en direction du port de Mytilène, chef lieu de l'île de Lesbos. « Nous allons aussi à un cimetière, la mer. Tant de gens ne sont jamais arrivés », s’est confié le religieux aux médias durant son vol. En hommage à ces victimes disparues en mer, le souverain pontife a jeté des couronnes de fleurs dans le port.
Le pape François a rappelé que « nous sommes tous des migrants », dans une prière commune avec le patriarche de Constantinople Bartholomée et de Ieronymos, l'archevêque orthodoxe d'Athènes et de toute la Grèce qui l'ont accompagné durant cette visite.
Le pape revient au Vatican avec douze migrants
Trois familles de réfugiés syriens sont montées à bord de l'avion du pape François, samedi après-midi, au terme de sa visite sur l'île grecque de Lesbos en mer Egée. « Elles sont les invitées du Vatican » a expliqué le souverain pontife, même si dans les premiers temps elles sont prise sen charge par une ONG catholique.
Avec notre correspondant au Vatican, Olivier Bonnel
« Je n’ai pas fait le tri entre les chrétiens et les musulmans » a expliqué le pape dans l’avion du retour. Les choses se sont faites très rapidement, François a expliqué que l’initiative de ramener des réfugiés lui a été proposée une semaine seulement avant sa visite en Grèce.
La sélection s’est faite uniquement sur deux critères, des documents en règle des douze Syriens leur permettant de venir en Europe, et une arrivée sur le sol grec avant la conclusion le 20 mars dernier de l’accord entre l’Union européenne et la Turquie.
A leur arrivée à Rome, les familles ont été prises en charge par la communauté catholique Sant’Egidio très active sur le dossier des migrants. C’est elle qui va dans un premier temps loger ses familles dans l’un de ses centres d’accueil, au cœur de Rome, assurant des cours de langue pour les adultes et l’école pour les enfants, ainsi qu’une aide administrative pour faciliter les démarches d’asile.
Mais c’est bien le Vatican qui les invitées a précisé le pape François. Le Vatican finance cette opération et les aidera à trouver un travail. Ces trois familles syriennes s’ajoutent aux deux déjà accueillies par les deux paroisses du Vatican depuis le mois de septembre dernier.