Avec notre envoyée spéciale à Chios, Charlotte Stiévenard.
Plusieurs centaines de réfugiés – des Syriens, des Irakiens et quelques Pakistanais – attendent sur le quai du port de Chios. Ils ont décidé de l’occuper. A intervalles réguliers, il y a de petites manifestations où ils crient « Liberté ! Liberté ! » ou « Allemagne aide-nous ! »
Vendredi matin, ils ont forcé la porte du hotspot pour marcher jusqu’à la ville à quelque 12 kilomètres de là. La police, dépassée, les a laissé partir après une nuit difficile car il y avait eu des affrontements à l’intérieur du centre fermé. 150 personnes ont ensuite été accueillies dans un centre ouvert vers la ville de Chios, les autres sont au port. Le flou règne encore sur ce qui va se passer ensuite. Les ONG indiquent que les réfugiés pourraient être transférés vers le Pirée, une information démentie par une source du ministère de l'Immigration.
Situation tendue aussi à Lesbos et Samos
La situation s’est également détériorée dans les camps d’enregistrement des îles de Lesbos et Samos, transformés, de fait, en lieux de rétention administrative. « Le risque de mouvements de panique et de blessures sur ces sites et d'autres, est réel », selon la porte-parole du Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies. Selon Melissa Fleming, 2 300 personnes s’entassent dans le camp de Moria à Lesbos, qui a une capacité d’accueil de 2 000 places. Il s’agit des migrants arrivés en Grèce après le 20 mars, qui s’attendent à être renvoyés vers la Turquie à partir de lundi. A Lesbos comme à Samos, la porte-parole du HCR dénonce des distributions de nourriture chaotiques, de mauvaises conditions sanitaires, ce à quoi s’ajoute l’inquiétude des migrants.
L’Union européenne a prévu d’envoyer plusieurs centaines de policiers et de fonctionnaires de l’immigration en Grèce durant cette fin de semaine. Selon une source européenne, quelque 500 Syriens, Afghans et Pakistanais qui n’ont « pas demandé l’asile » en Grèce devraient être renvoyés en Turquie lundi.