Affaire Giulio Regeni: l'Italie ne croit pas aux explications du Caire

Suite à la dernière version des autorités égyptiennes selon lesquelles l'étudiant italien Giulio Regeni, 28 ans, aurait été victime d'un gang criminel, les procureurs du Caire ont demandé le placement en garde à vue de deux femmes « liées à cet assassinat ». Mais pour les autorités italiennes, et la famille du doctorant de l'université de Cambridge, cette nouvelle reconstruction serait une énième et déplorable tentative de dépistage. Le cadavre du jeune italien, monstrueusement torturé, a été officiellement retrouvé le 3 février dernier, dix jours après sa disparition.

Avec notre correspondante à RomeAnne Le Nir

Le Caire affirme maintenant que Giulio Regeni a été assassiné « par une bande de quatre gangsters. » Or, tous ont été tués par la police égyptienne. Si bien que seules l'épouse et la sœur du chef de la bande des présumés assassins, toutes deux arrêtées ce 26 mars, pourraient expliquer pourquoi la carte bancaire et le passeport de Giulio Regeni ont été retrouvés dans leur appartement.

Mais quoi qu'il en soit, pour le procureur de Rome, Giuseppe Pignatone, « cette thèse du gang criminel ne tient pas debout. » Il estime que la piste la plus plausible reste celle des services de sécurité égyptiens qui auraient enlevé et torturé l'étudiant italien. Trop dérangeant en raison de ses recherches sur les syndicats égyptiens, pour sa thèse.

Rome promet de tout faire « pour obtenir la vérité ». Mais ce cas sera d'autant difficile à résoudre que d'importants intérêts économiques lient l'Italie à l'Égypte. Et que Le Caire pourrait jouer un rôle clef, en cas d'intervention armée en Libye.

Partager :