Avec notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne
Depuis deux ans, l’espace de liberté d’expression et d’association s’est considérablement réduit en Crimée. Human Rights Watch note qu’aucune enquête n’a été menée sur l’implication des groupes paramilitaires dans les tortures, disparitions, exécutions extrajudicaires et mauvais traitements contre des militants tatars ou pro-Ukraine. Les Criméens qui ont refusé la citoyenneté russe et les Tatars, qui représentent 10 à 15 % de la population, sont victimes de discriminations.
Les principaux médias tatars ont été fermés et l’assemblée traditionnelle tatare, le Mejlis, est menacée de dissolution, sous l’accusation d’extrémisme. Son cas est actuellement examiné par la Cour suprême. Plusieurs personnalités tatares sont interdites de séjour en Crimée.
« Plus qu'une erreur »
Dans un éditorial intitulé « Plus qu’une erreur », le quotidien russe Vedomosti tire un bilan très critique de l'annexion de la Crimée. Désormais, toutes les décisions politiques sont prises en fonction de ce rattachement. Le fardeau de « Notre Crimée », écrit le journal, est porté par le pays tout entier, de bon gré pour la plupart des gens qui ne se rendent pas compte du prix à payer.
La Crimée a mené à la crise dans le Donbass et à l’isolement de la Russie. Les opérations hybrides sont devenues la norme de la politique extérieure russe. Et la rhétorique anti-occidentale a permis une répression sans précédent contre la société civile russe. Sans compter les conséquences économiques.