Avec nos correspondants à Moscou et aux Vatican, Muriel Pomponne et Antoine-Marie Izoard
Jamais un pape et un patriarche de Moscou et de toutes les Russies ne se sont rencontrés. Dans une semaine, ce sera chose faite. C'est en terrain neutre, pour ainsi dire, qu'aura lieu la rencontre entre le pape François et le patriarche Cyrille, sur l'île de Cuba, que le souverain pontife a lui-même contribué à rapprocher des Etats-Unis.
La rencontre au sommet entre Rome et Moscou, ville surnommée « la troisième Rome », aura donc lieu à La Havane. Le patriarche Cyrille, en visite officielle dans l'île castriste, rejoindra le pape François à l’aéroport de la capitale, où le Saint-Père fera escale sur sa route vers le Mexique.
Les chefs des deux Eglises auront un entretien centré sur les persécutions contre les chrétiens. Elle devrait se conclure par la signature d’une déclaration commune. Cette rencontre préparée de longue date « marquera une étape importante dans les relations entre les deux Eglises », décrypte le porte-parole de l’Eglise orthodoxe.
Car les autorités catholiques et orthodoxes russes sont brouillées au moins depuis le XVIe siècle, période à laquelle une partie des orthodoxes, que l’on appelle désormais les « uniates », ont accepté de reconnaitre l’autorité du pape de Rome. L’Eglise uniate est notamment très active en Ukraine.
Ce dossier des uniates a toujours fait obstacle à une rencontre entre les primats des deux Eglises, en dépit des contacts établis depuis la fin des années 1990. Vladimir Poutine s’est rendu cinq fois au Vatican . A chacune d'entre elles, la possibilité d’une visite du pape à Moscou a été évoquée.
L'Eglise orthodoxe russe semble avoir mis de côté ses critiques contre l'Eglise catholique, accusée de prosélytisme sur son territoire, ou encore les discussions interminables sur la primauté du pape sur les autres Eglises chrétiennes.
Côté romain, la modération du pape François dans le conflit ukrainien semble avoir porté ses fruits, même si les catholiques ukrainiens ne l'entendent pas de cette oreille. Les deux hommes devraient donc se retrouver sur des thèmes qui leur sont chers, comme la défense du christianisme en Europe et le sort des chrétiens d'Orient.
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