La Turquie a procédé, samedi, à une démonstration de force en menant des frappes aériennes contre le groupe EI en Syrie, épaulée par l’allié américain. Bilan : 50 morts et 30 blessés parmi les jihadistes, selon l’agence de presse Anadolu. Cet été, Ankara s’était engagé auprès de ses alliés à combattre plus activement l’EI. Mais depuis, ses raids aériens visaient surtout les bases du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Les frappes de ce samedi étaient donc destinées à donner tort à l’opposition turque, qui accuse le pouvoir d’être, au mieux, complaisant avec l’organisation Etat islamique et d’encourager la violence contre son adversaire le HDP.
Le parti pro-kurde a été visé le 10 octobre par un double attentat, le plus violent qu’ait connu la Turquie, et qui a fait une centaine de morts. Recep Tayyip Erdogan avait alors présenté l'organisation EI comme le « suspect numéro un », mais avait aussi parlé des rebelles kurdes et de l’extrême gauche.
Une campagne basée sur l'insécurité
De fait, le président et son Premier ministre ont fait campagne pour les législatives en jouant la carte de la sécurité et de l’unité du pays, « nous ou le chaos ». Et leur semaine a été bien remplie : lundi et mardi coups de filets dans les milieux jihadistes avec des dizaines d’arrestations, mercredi publication d’une liste de terroristes – quasiment tous des membres du PKK.
Le même jour, la justice confirmait que l’attentat d’Ankara avait été commandité par l’organisation Etat islamique dans le cadre d’une « campagne de terreur » pour faire annuler les élections : moins de trois jours après, à la veille de ces législatives, l’aviation turque frappait l’EI en Syrie.