Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Le nez et une côte cassés, l’animateur et éditorialiste a promis de continuer « sans peur » dans sa voie, qu’il sait « être la bonne ». Ses quatre agresseurs ont reconnu les faits mais avancent la thèse d’un accrochage en voiture qui a dégénéré en bagarre.
Pour les organisations professionnelles, cependant, il ne fait aucun doute que les médias gouvernementaux ou proches du pouvoir ont alimenté ces dernières semaines une atmosphère de haine et de lynchage envers la presse indépendante.
Le 13 septembre dernier par exemple, le journal Star avait écrit au sujet d’Ahmet Hakan que seule « la pitié valait au journaliste d’être encore en vie, et non écrasé comme une vulgaire mouche ».
Une demande de protection rapprochée déposée par son avocat était malgré tout restée lettre morte. Un député de l’AKP, Abdurrahman Boyukalin, qui avait mené une expédition punitive contre le journal Hürriyet, avait même promis de « l’attendre devant chez lui pour lui dire qu’il aurait dû depuis longtemps pour le corriger physiquement ».
Pas plus tard que ce mercredi, un autre député de l’AKP, Mehmet Metiner, avait promis au patron du groupe de presse Dogan, à qui appartiennent Hürriyet et CNN-Türk, de lui « arracher les ongles et les dents ». Le président Erdogan lui-même avait accusé le holding Dogan de soutenir le terrorisme, sans doute parce qu’il avait donné une place trop importante au petit parti pro-kurde HDP, entré au Parlement le 7 juin dernier.