Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Censure, intimidation : les réactions à la mise en prison, trois jours après leur arrestation, des deux journalistes britanniques sont unanimes. Elles émanent tant du Parlement européen, de leur pays d’origine la Grande-Bretagne, du département d’Etat américain puisque Vice News est une télévision basée aux Etats-Unis, que des organisations internationales de défense des Droits de l’Homme et de protection des journalistes.
D’abord interpelés au prétexte qu’ils n’avaient pas d’autorisation de tournage, les trois hommes ont ensuite été accusés d’être liés à l’organisation Etat Islamique, avant d’être formellement inculpés de participer aux activités terroristes de la rébellion du PKK. Ce qui en dit long sur les motivations à géométrie variable de la justice turque, et certainement sur l’état de la liberté de la presse dans ce pays.
Des accusations «effarantes et infondées», selon la direction de Vice News, «étranges et scandaleuses» selon Amnesty International, qui réclament tous deux la libération immédiate des trois hommes. Cette affaire a malheureusement été rapidement occultée, ce matin, par une vaste opération de police contre le groupe de presse turc Ipek Koza, lié au mouvement Gülen, dont les responsables se voient eux aussi menacés d’incarcération pour des motifs encore non précisés.