Le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé publiquement de représailles le journal d'opposition, Cumhuriyet, pour avoir publié des images suggérant des livraisons d'armes par Ankara aux extrémistes syriens, et ce à moins d'une semaine des élections législatives. «Je pense que la personne qui a écrit cet article exclusif paiera un prix très lourd pour ça (...) je ne le laisserai pas s'en sortir impunément», a-t-il déclaré.
L'opération menée par la gendarmerie turque date de janvier 2014. Les armes se trouvaient sous des médicaments, dans des camions officiellement affrétés par une organisation humanitaire. Mais des documents diffusés sur internet ont montré qu'ils appartenaient aux services de renseignements turcs (MIT). Une situation gênante pour Ankara, soupçonné de soutenir les mouvements extrémistes syriens, dont le groupe jihadiste Etat islamique (EI). Erdogan considère qu'il s'agit là d'«affirmations diffamatoires» et assimile l'opération à un acte d'espionnage contre le MIT.
Pour le Premier ministre, Ahmet Davutoglu, les allégations de Cumhuriyet constituent une «manipulation électorale», les élections législatives ayant lieu le 7 juin prochain en Turquie. La semaine dernière Erdogan avait accusé le New York Times de s'ingérer dans les affaires turques en pointant un éditorial qui le mettait sur la sellette pour des intimidations à la presse indépendante de son pays.