HCR: 700 000 migrants en Europe via la Méditerranée en 2015

L'ONU estime que 700 000 migrants auront traversé la Méditerranée vers l'Europe fin 2015. Un chiffre plusieurs fois réévalué à la hausse ces derniers mois, et plus de deux fois supérieur aux arrivées de l'an dernier. L'exode pourrait bien continuer en 2016 si la situation ne s'améliore pas dans les pays de départ.

Le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés a annoncé dans un rapport jeudi 1er octobre que 700 000 migrants devraient traverser la Méditerranée pour trouver refuge en Europe pour l’année 2015.

Au début de cette année, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), table sur l'arrivée de 300 000 personnes en Europe via la méditerranée en 2015. Mais dès la fin du printemps, quand il devient plus facile de naviguer, il doit se rendre à l'évidence : les réfugiés sont plus nombreux à risquer leur vie en mer.

Aujourd'hui, en recoupant les chiffres de Frontex, l'agence européenne de coordination aux frontières et de contrôle de l'immigration, avec les informations des gardes-côtes italiens et grecs, le HCR parvient à ce résultat : un demi-million de personnes a déjà traversé la Méditerranée. Plus précisément 520 957 arrivées via la Méditerranée ont déjà été enregistrées, dont 387 520 en Grèce et 131 000 en Italie, selon les derniers chiffres mis à jour par l'agence onusienne. 18% sont des enfants et 13% des femmes.

Les chiffres ne devraient pas s’améliorer, selon Vincent Cochetel, le directeur Europe du Haut comissariat des Nations unies pour les réfugiés : « Les gens vont attendre en vue de l’examen de leur demande. Ca ne va pas se passer en deux jours, ça va prendre minimum un mois probablement plus. Il n’y a aucune structure de réception en Grèce permettant d’héberger ces gens. Donc il y a un certain nombre de questions fondamentales dans le design de ses hotspots qui ne sont pas résolues ».

Pour Vincent Cochetel des problèmes perdurent. Il souligne notamment le problème de coopération des migrants. « L’autre problème est qu’on voit surtout en Italie, c’est que la plupart des gens qui arrivent par bateau refusent d’être identifiés et refusent une prise d’empreintes digitales. Donc que va-t-il se passer avec tous ces gens qui refusent de coopérer ? Est-ce qu’on va laisser la situation actuelle perdurer ? C’est-à-dire que les gens continuent leur chemin. Ou est-ce que les autorités ont prévu un système permettant d’encourager, d’inviter les gens à donner leurs empreintes digitales qui est une condition sine qua non pour la relocalisation ? ». En effet, un grand nombre ne souhaite pas donner leurs empreintes. Ils espèrent remonter en Europe et le moindre contrôle pourrait les faire revenir en Italie.

Selon le HCR,  ce sont 700 000 migrants qui pourraient arrivés en Europe via la Méditerranée d'ici à la fin de l'année. Si la situation ne s'améliore pas en Syrie, en Afghanistan, ou encore en Irak, le HCR craint même un afflux aussi important via la Méditerranée l'an prochain.

L'agence onusienne cite le cas de Syriens réfugiés dans les pays limitrophes. Ces dernières semaines, certains ont pris le risque de retourner en Syrie pour vendre leur maison, avec un seul but : financer la traversée vers l'Europe.

Le HCR demande 70 millions d'euros supplémentaires

Dans ce rapport le HCR appelle à des financements supplémentaires justifiant que la demande qui avait été faite était fondée sur une estimation de 350 000 arrivées. Dans ce rapport, pour ce qui est appelé « l'initiative spéciale méditerranéenne », un plan pour une réponse d'urgence à cet afflux de migrants, le HCR demande 70 millions d'euros supplémentaires à sa demande initiale présentée le 8 septembre. Le financement concerne des activités pour la période de juin 2015 à décembre 2016. Le HCR essaie d’atteindre un budget total de 128 millions de dollars.

Avec ce plan le HCR vise trois objectifs : « sauver des vies et répondre aux besoins humanitaires dans les points de transit, de première arrivée, de destination », « renforcer les systèmes de protection en augmentant les capacités dans la Corne de l'Afrique, l'Afrique du Nord et en Europe », « renforcer la disponibilité de sécurité et de solutions dans les régions où les réfugiés trouvent pour la première fois la sécurité ».

L’agence onusienne estime qu’en 2016, les arrivées pourraient au moins égales et n’exclut pas « un nombre plus important » que 2015.

→ Le rapport complet à lire ci-dessous ou à télécharger via ce lien (en anglais)

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