« Volkswagen a besoin d'un nouveau départ, je prépare le terrain de ce nouveau départ avec ma démission. », a déclaré Martin Winterkorn. Le désormais ex-patron du groupe automobile allemand a donc officialisé, il y a une heure maintenant, l'inévitable.
Il a tenu toutefois à dire qu'il ne s'était rendu coupable d'aucun manquement, qu'il n'avait pas été personnellement informé d'actes répréhensibles, qu'il ne savait rien, en somme, de ce logiciel qui permettait de falsifier les tests anti-pollution, alors que celui-ci était tout de même présent sur 11 millions de voitures de la marque.
Des répercussions sur le personnel de l'entreprise
Martin Winterkorn a dit espérer que des réponses seraient apportées en toute transparence. Le président démissionnaire s'expliquait devant le comité exécutif du conseil de surveillance de Volkswagen. La direction a fait savoir qu'il y aurait des répercussions et des conséquences dans les jours qui viennent pour le personnel. Des poursuites vont être engagées sans doute puisque le groupe va déposer une plainte au pénal en plus de l'enquête interne.
Quant au nouveau patron de Volkswagen, on devrait connaitre son nom vendredi. L'ironie pour Martin Winterkorn, c'est que le conseil d'administration devait précisément se réunir ce vendredi pour renouveler son contrat à la tête du groupe.
Des enquêtes déclenchées dans plusieurs pays
A l'internationale, le scandale du trucage des moteurs prend de l'ampleur. Les enquêtes s'enchaînent contre l'industriel dans plusieurs pays à commencer par l'Allemagne.
A ce stade, il s'agit de collecter et d'examiner toutes les informations disponibles. Le parquet allemand veut aussi procéder à l'examen de plusieurs plaintes déposées contre le constructeur. Pour sa part, le ministère des Transports allemand a annoncé la création d'une commission d'experts qui devra se rendre à Wolfsburg, où se trouve le siège de Volkswagen, pour vérifier si les véhicules ont été construits conformément aux normes européennes et allemandes.
Parallèlement, le constructeur fait l'objet d'investigations aux Etats-Unis. Le département de Justice a ouvert il y a deux jours une enquête pénale. D'autres enquêtes sont menées actuellement par les procureurs de différents Etats, notamment ceux de New York et de Californie. La Corée du Sud, l'Italie ou encore la France ont aussi initié des investigations.
Volkswagen pourrait, en effet, devoir payer jusqu'à 16 milliards d'euros d'amende rien qu'aux Etats-Unis. Sans compter le coût des rappels et d'éventuelles procédures de justice.
En attendant, la note du groupe allemand se retrouve dégradée par l'agence de notation Fitch.
■ En Allemagne, l'affaire devient politique
Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut
Croix de bois, croix de fer : Alexander Dobrindt l'assure, le ministre des Transports a appris comme monsieur Tout-le-monde l'affaire des manipulations de Volkswagen le week-end dernier dans la presse. Le conservateur bavarois dont le projet phare - une vignette pour les voitures uniquement pour les non-Allemands - a été un fiasco a mis le turbo et s'est répandu dans les médias pour exiger que l'affaire soit tirée au clair. Il a mandaté une commission indépendante à pied d'oeuvre entre-temps au siège de Volkswagen.
Mais le responsable politique était-il au courant plus tôt ? Les Verts attaquent le ministre citant une réponse du gouvernement à leur demande il y a plusieurs semaines. La télévision allemande évoque un échange entre Berlin et la Commission européenne de l'an dernier dans lequel le gouvernement allemand évoque des analyses révélant des émissions polluantes trop élevées de véhicules diesel.
Des experts et des organisations de défense de l'environnement reprochent aux pouvoirs publics d'avoir protégé une industrie très puissante en Allemagne et d'avoir pris longtemps pour argent comptant les données techniques des constructeurs sans contrôle efficace.