En Europe, le cycle de test appelé NEDC consiste en une série de manœuvres que doit effectuer la voiture étudiée. Ce sont des sociétés privées qui sont chargées de mener ces tests avant la mise sur le marché du véhicule. Elles vérifient notamment que les émissions de gaz sont dans les normes qui sont d'ailleurs de plus en plus strictes. Aux Etats-Unis, le principe est similaire, etl'agence américaine de protection de l'environnement (EPA) est en charge des tests.
Pour passer entre les mailles du filet, Volkswagen a mis au point un logiciel qui équipait ses voitures. Lorsque celui-ci détectait que le véhicule était en situation de test, il mettait en route le système antipollution de la voiture. En effet, ce dernier reste coupé en temps normal puisque paradoxalement, pour des raisons techniques, il fait consommer plus de carburant.
Avec cette affaire, c'est donc la batterie de tests d'homologation des véhicules qui se trouve également montrée du doigt. Ces contrôles sont de plus en plus critiqués, car ils ne testent pas les voitures dans les conditions d'une utilisation de tous les jours et les constructeurs ont su s'y adapter.
En France, la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal a annoncé l’ouverture d’une enquête approfondie en France. François Hollande a par avance assuré de la probité des constructeurs français : « C’est aussi ce qu’a demandé la chancelière Merkel puisque c’est un constructeur allemand que toute la transparence soit faite et que les contrôles puissent avoir lieu. C’est la bonne procédure non pas pour pénaliser Volkswagen encore davantage, mais pour que le consommateur soit alerté et averti. Mais je pense que les constructeurs français, puisqu’eux-mêmes pourraient être interrogés, ont montré qu’ils n’avaient pas donné d’informations erronées. Donc c’est très important que Volkswagen maintenant donne l’ensemble de ce qui a été fait ou de ce qui n’a pas été fait. »
Renault et PSA admettent par exemple surgonfler les pneus pour affaiblir la résistance du véhicule, ce qui sollicite moins le moteur, et pollue donc moins.
■ Volkswagen, tombé de son piédestal
Le constructeur, fierté industrielle en l'Allemagne, a trébuché. L’action Volkswagen a perdu mardi 19,82%, après une baisse déjà de 17% lundi. La perte de confiance envers la marque risque de coûter plus cher au constructeur que la possible amende qu’elle devra payer.
L’Allemand était pourtant parvenu au sommet. Numéro 1 européen, il venait enfin de coiffer son grand rival, le Japonais Toyota et de s'emparer du titre de numéro 1 mondial des constructeurs automobiles au premier semestre. Ce malgré le déclin de ses ventes en Chine, son premier marché. Numéro 1 mondial, c'était l'objectif de Volkswagen pour 2018.
Cette marque presque centenaire, aux modèles mythiques, et toujours renouvelés de la coccinelle au combi. En 80 ans, le groupe s'est étoffé et compte aujourd’hui douze marques et modèles très variés : les citadines espagnoles Seat, les berlines de Skoda, les Bentley, les Lamborghini, les motos Ducati, les Porsche...
Volkswagen n'a jamais vraiment réussi à s'implanter aux Etats-Unis, le marché étant largement dominé par Ford, General Motors et Toyota. La clef, c'était le diesel. Les moteurs du groupe ont bonne réputation : propres et puissants. Le groupe espérait doubler les ventes annuelles aux Etats-Unis de ses Audi et Volkswagen. L’objectif était de vendre un million de voitures neuves d'ici à 2018.
Des objectifs qui avaient été fixés avant le scandale. Le constructeur aura du mal à se relever des révélations faites le 21 septembre, et souffrira sans doute plus de son image désormais associée à la fraude, que des 16 milliards d'euros d'amende dont il devra peut-être s'acquitter.