Avec notre correspondante à Athènes Charlotte Stiévenard et notre envoyée spéciale,Anastasia Becchio
Dimanche soir, militants de Syriza et représentants de mouvements de gauche européens se réjouissaient de la victoire. Ces dernières semaines, Alexis Tsipras, a dû faire face à la fronde d'une partie de son électorat déçu qu'il ait conclu un nouveau plan de sauvetage financier. Le Premier ministre sortant devra appliquer les mesures d'austérité, mais cette sympathisante reste confiante : « C'est une victoire très importante aujourd'hui. Il a bien sûr ce mémorandum, mais il a surtout des choses que seule la gauche est capable de faire. Elle seule pourra donner un peu d'air au peuple qui a tant souffert ces cinq dernières années. »
Si sous la tente rouge de Syriza, les chants révolutionnaires résonnent, l'ambiance est moins animée du côté de la Nouvelle démocratie. « D'accord on ne peut pas être spécialement content, cependant je pense que nous avons montré l'exemple en appelant à l'unité et non pas à la polarisation, pendant la campagne électorale. Ca doit servir d'exemple pour le futur. Il faut que les forces politiques du pays trouvent les moyens de collaborer parce que le pays n'avancera que si tout le monde s'y met », affirme Antonis Bribilis, un militant du parti.
Vangelis Meïmarakis, le chef de la Nouvelle démocratie qui avait appelé à un gouvernement d'unité nationale a rapidement reconnu sa défaite et félicité Alexis Tsipras pour sa victoire.
Des politiques enthousiastes, les Grecs méfiants
Les politiques se félicitent donc, car en Grèce, pour la deuxième fois cette année, la gauche radicale arrive en tête des élections législatives. Un peu plus de 35% des voix avec plus de 7 points d'avance sur les conservateurs de la Nouvelle démocratie. Une victoire nette qui permet à Alexis Tsipras de redevenir premier ministre. Il prend la tête d'une coalition avec son ancien partenaire, les souverainistes des Grecs indépendants. Cependant sur la place Syntagma, l'état d'esprit était au réalisme hier soir.
Devant le parlement à Athènes, les passants s'arrêtent pour regarder les résultats sur les écrans installés par la Nouvelle démocratie. Kostas Diakanis a 35 ans. Ce technicien des télécommunications est au chômage depuis deux ans. La victoire de Syriza ne change rien pour lui : « C'est lendemain, car il y a les mesures le lendemain, pour tous les gens. Que ce soit avec la Nouvelle démocratie ou avec Syriza, nous allons tous payer le lendemain. »
Konstantinos, lui est retraité. Cet ancien ingénieur de la Marine, écoute les commentaires de la télévision privée Mega TV les bras croisés. Il se réjouit de la victoire d'Alexis Tsipras, mais avec précaution : « Nous croyons en lui, nous supposons qu'il ne fera pas les mêmes erreurs que lors des six premiers mois, car il était jeune, sans expérience. Mais maintenant, il en a eu, donc nous attendons beaucoup de choses de sa part. » Le Premier ministre grec semble en être conscient. Après l'annonce des premiers résultats, il a aussitôt tweeté : « Devant nous s'ouvre la voie du travail et des luttes. »