Avec notre correspondant à Istanbul, AlexandreBillette
Ils veulent partir, prendre le bus pour Edirne, dernière ville avant la Grèce. Mais les autorités turques interdisent désormais à ceux qui n'ont pas de permis de séjour de monter à bord d'un autocar depuis la gare routière.
Alors ils sont là, en attente, pour certains depuis trois jours. La plupart sont pris en charge par la police sur le territoire de la mosquée adjacente. Il y a aussi ceux qui tournent en rond autour de la gare routière, qui dorment sur un coin d'herbe, en espérant pouvoir partir le plus vite possible. Comme Basir. Il vient d'Alep, en Syrie, et après un an de galère en Turquie, il veut pouvoir partir à l'ouest. « Tout ce qu'on veut, c'est aller à Edirne. On ne veut pas vivre tout ça, ces enfants morts en mer... La Turquie ne nous a pas donné l'autorisation pour l'instant, mais peut-être, dans deux jours. »
Sauf que la Turquie n'est pas du tout disposée à laisser ouvrir une nouvelle route des réfugiés vers l'Europe par sa frontière. Une situation qui risque de se compliquer : l'autogare d'Istanbul est déjà saturée, et jour après jour, de nouveaux réfugiés arrivent ici pour enfin passer la frontière, sans risquer leur vie en mer.
■ François Hollande demande au prochain sommet européen d'aider la Turquie à garder les réfugiés sur son sol
Le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, a annoncé ce jeudi la tenue d'un sommet exceptionnel sur la crise migratoire mercredi 23 septembre. Réclamé notamment par l'Allemagne, il se tiendra au lendemain d'un conseil extraordinaire des ministres de l'Intérieur de l'Union européenne.
Jeudi soir, François Hollande, en visite en Italie, a estimé que l'Union européenne ne devait pas en finir avec Shengen même si le rétablissement de contrôles transitoires s'impose face à l'afflux des migrants. « Nous attendons des prochaines réunions européennes trois décisions : la création des "hotspots", travailler avec la Turquie, agir sur les pays qui accueillent les réfugiés et qui doivent être aidés, en particulier en Afrique de l'Ouest », a déclaré le président français à l'issue d'un dîner de travail avec le président du Conseil italien Matteo Renzi.
Il a notamment insisté sur l'aide à apporter à la Turquie. Les Européens doivent prendre la décision de « travailler avec la Turquie » afin de « faire en sorte que ceux qui sont en Turquie puissent y rester, puissent y travailler et puissent avoir tous les moyens pour pouvoir attendre que la situation en Syrie trouve une issue », a déclaré devant la presse le président français.