Avec notre correspondant au Vatican, Antoine-Marie Izoard
La question du sort des migrants préoccupe depuis toujours le pape François. Le premier geste fort de son pontificat, en 2013, fut ainsi de se rendre sur l’île de Lampedusa, à l’extrême sud de l’Italie, point de chute de milliers de migrants désireux de tenter leur chance en Europe.
Le pape argentin avait tenté de secouer les consciences en fustigeant « la mondialisation de l’indifférence », alors que la Méditerranée ressemblait de plus en plus à un immense cimetière.
Alors que l’Europe se divise sur l’accueil des migrants, le pape François vient d’exhorter chaque paroisse catholique, chaque communauté religieuse, chaque monastère et chaque sanctuaire du continent à accueillir au moins une famille de réfugiés.
Face à « la tragédie de dizaines de milliers de réfugiés » a soutenu le pape « qui fuient la mort à cause de la guerre et de la faim », on ne peut pas seulement répondre aux migrants : « patience » ou « courage ». Le chef de l’Eglise catholique a souhaité que le diocèse de Rome, son diocèse, soit le premier à montrer l’exemple et à exprimer ainsi « la proximité de l’Evangile », concrètement.
Le pape François a également assuré que les deux paroisses du petit Etat du Vatican - Saint-Pierre et Sainte-Anne - accueilleraient très prochainement chacune une famille de réfugiés.
■ Le Grand rabbin de France appelle à « agir »
« La France, terre d’asile et d’accueil, la France, berceau des droits de l’homme ne peut fermer les yeux sur ces femmes et ces hommes qui échouent aux portes de nos frontières, avec pour seul espoir, celui de vivre. »
C'est en ces termes que le Grand rabbin de France Haïm Korsia n’a pas hésité à mettre en regard la situation de ces réfugiés avec celle des juifs déportés et persécutés pendant la Seconde Guerre mondiale, dans son discours lors de la cérémonie à la mémoire des martyrs de la déportation à la grande synagogue de la Victoire à Paris.
Haïm Korsia a rappelé l'action des Justes, c'est-à-dire ces personnes non juives qui, au péril de leur vie, ont sauvé des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. « Nous devons être les justes de notre temps. Les migrants sont nos frères en humanité », a-t-il insisté.
Enfin, Haïm Korsia a supplié qu'il fallait « agir pour lutter, dans un front uni, contre le terrorisme et tous ceux qui instrumentalisent et dévoient la religion pour tuer au nom de Dieu ». Pour le Grand rabbin de France « agir, c'est ne laisser personne au bord du chemin de la vie. »