Pas de grandes pancartes, ni de photos brandies, mais de simples tracts distribués de la main à la main avec pour message « accueil des réfugiés, je dis oui ». « Je suis fière d’être française et de les recevoir. C’est humain, c’est normal. On doit dire non à la souffrance, non à la terreur, oui à l’humanité, à la fraternité. Si tous les gars du monde se donnaient la main... », déclare Florence, l'une des manifestantes, pour qui l'accueil des migrants est la moindre des choses.
Les deux mains enfoncés dans les poches, Yvan Nagiez parle avec détermination : « Je considère qu’il n’y a qu’un seul monde. La question des frontières ou pas, à la limite elle est secondaire. S’il y a un seul monde, on est comptable de ce qui arrive à toute l’humanité et on n’est pas là que pour les Blancs et les riches. »
« Trop de silence »
Même taille, mêmes cheveux courts et même barbe, Germinal et David sont deux amis, ils se devaient d'être là : « Il y a trop de silence autour de ce qui se passe. L’Europe occidentale devrait accueillir largement les réfugiés. Il y a des richesses ici et en plus toute une partie de ce qui se passe là-bas vient d’interventions politiques, économiques dans ces pays-là. Donc il serait tout à fait légitime que les pays qui sont en partie responsables accueillent toute une partie des gens qui sont chassés par la guerre, la misère de leur pays. »
Le cinéaste Romain Goupil comptait également parmi les personnes rassemblées à Paris : « Qu’est-ce qui leur faut, mais qu’est-ce qu’il faut pour que ça bouge à hauteur de ce qui a changé Angela Merkel ? Le jour même, elle avait une conférence au sommet dans les Balkans et elle a changé complètement son discours. Elle a déchiré son discours en disant "maintenant il y a une urgence, il y a autre chose qui est en train de se passer, une crise d’urgence". Et dans une urgence comme ça, on essaie d’accueillir les gens et de faire en sorte que ça ne soit plus illégal. »
La société civile se mobilise
Avec un site portail monté en quelques heures pour une poignée d'euros, l'équipe de Aiderlesrefugies.fr veut montrer qu'il y a un sursaut dans la prise de conscience et une solidarité exceptionnelle en France. « Toutes les initiatives qui étaient un peu souterraines sont apparues au grand jour, notamment ce dispositif d’hébergement de réfugiés organisé par l’association Singa. Ça fait plusieurs années que l’association Singa propose cet hébergement et là, ça a carrément explosé avec plusieurs milliers de propositions en quelques jours. Donc nous, on a voulu donner à voir cette solidarité et montrer que la France, ce n’est pas le repli sur soi ou l’indifférence que des fois, on nous dépeint », explique le porte-parole du site, Julien Bayou.
Un nouvel appel à la mobilisation citoyenne pour soutenir les réfugiés a été lancé pour samedi prochain.