Royaume-Uni: polémique sur les petites attentions du service de santé

En Grande-Bretagne, une enquête vient de révéler que le NHS (Services de santé britanniques) utilise l’argent public pour payer à certains patients des vacances, des cours d’arts plastiques ou des balades à cheval. Ces traitements de faveur, financés pour remonter le moral de ces patients et leur éviter ainsi un trop long séjour en hôpital, fait scandale en pleine période d’austérité.

de notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix

Un patient s’est ainsi vu offrir des vacances avec son chien pour faire le point sur sa vie, une autre patiente souffrant d’une maladie mentale a pu s’acheter un robot aspirateur high-tech pour empêcher qu’elle s’automutile et un autre a pu faire construire dans son jardin un petit pavillon d’été pour avoir son espace à lui. Mieux, certains se sont vus offrir des « cadeaux » comme des consoles de jeux vidéo, une nouvelle garde-robe ou la location de pédalo.

3 millions pour seulement 161 patients

C’est le magazine médical Pulse qui a révélé ces informations après une enquête auprès d’une trentaine de groupes sur les quelque 200 qui fournissent ce genre de service. Le magazine s’est aperçu que dans deux régions, un budget de plus de 3 millions d’euros avait bénéficié à 161 patients seulement.

Ce programme, intitulé Personal Health Budgets (en français « Budgets personnels de santé »), a été introduit par le gouvernement conservateur de David Cameron fin 2012 pour permettre à quelque 56 000 patients souffrant de handicaps et de maladies chroniques d’avoir plus de contrôle sur leurs traitements et plus de choix sur la façon de gérer leurs maladies. Avec une équipe du NHS ou un médecin, ces patients décident de la façon dont ils vont dépenser l’argent alloué, une somme qui varie selon les besoins de chaque individu et peut servir à financer un large éventail de services. Or cette souplesse laisse la porte ouverte aux abus, car si certains ont pu utiliser cet argent pour des thérapies, des soins à domicile ou de l’équipement médical spécialisé, d’autres en ont profité pour tout simplement se faire plaisir.

Le monde médical divisé

Le programme provoque un gros débat au sein de la profession : ceux qui gèrent ces fonds défendent l’idée bec et ongles et expliquent que ce programme est tout à fait rentable en évitant au NHS (Système de santé public) des séjours longs et coûteux en hôpitaux, maisons de repos ou de soins. Ils assurent également que ces budgets personnels sont approuvés et contrôlés de près par les équipes médicales qui suivent ces patients.

Mais d’autres, et notamment l’Association des médecins britanniques, sont loin d’être convaincus de l’efficacité et surtout de la justesse de ce programme. Ces médecins estiment qu’il n’y a aucune preuve scientifique que ça fonctionne et améliore en quoi que ce soit la santé de ces patients et critiquent la mauvaise utilisation des ressources déjà limitées des services de santé à un moment où le NHS doit faire 25 milliards d’économies à cause des coupes budgétaires du gouvernement.

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