Avec notre envoyé spécial à Bodrum, Daniel Vallot
Il s'est assis à l'ombre d'un arbre, sur un carton posé sur le sol. A ses côtés, il y a un petit sac à dos et deux gilets de sauvetage qu'il vient d'acheter pour lui et pour sa femme. Ahmad est originaire de Damas. Avec un groupe de quinze autres Syriens, il tentera dans le courant de la nuit de passer en Grèce.
« Les passeurs vont venir nous chercher ici, et ensuite ils nous emmèneront à l'endroit convenu. Ce ne sera pas un grand bateau, ce sera un petit zodiac, avec un moteur. Pour la traversée jusqu'en Grèce, on paye 1200 dollars. »
A Bodrum, il y a ceux qui vont tenter la traversée et ceux qui n'ont plus assez d'argent pour continuer. C'est le cas de ce jeune Kurde de Syrie : il ne lui reste plus que 800 dollars sur les 1200 qu'il avait emmenés lors de son départ il y a quatre mois. « Si je ne trouve pas l'argent qu'ils demandent, alors je ne pourrai pas partir. Mais je suis en train de négocier avec d'autres passeurs. Peut-être que ceux-là accepteront de baisser leurs prix, et de me faire passer pour 800 dollars », espère-t-il.
Pour payer moins cher, il devra accepter de monter sur un canot moins solide, avec un moteur moins puissant. « C'est un risque de plus, dit-il, mais je n'ai pas le choix : la Syrie est détruite, et je suis obligé de poursuivre ma route vers l'Europe. »