Migrants: à Kos, tensions entre groupes de réfugiés

La situation est toujours aussi tendue sur l'île grecque de Kos. Le bateau arrivé hier en provenance d'Athènes pour accueillir les réfugiés syriens n'était toujours pas opérationnel ce samedi après-midi. Pourtant, ce sont toujours des milliers de migrants qui attendent de se faire enregistrer par les autorités afin de pouvoir quitter l'île. L'humeur est agressive entre les réfugiés et les autorités, mais également entre les différentes communautés de migrants qui se trouvent sur l'île.

Avec notre envoyé spécial à Kos,  Daniel Vallot

Ce sont deux groupes hostiles qui se font face devant le commissariat de l'île de Kos. D'un côté, une cinquantaine d'Afghans et d'Iraniens, de l'autre un groupe de Pakistanais. Ce matin, de nouveaux incidents ont éclaté entre les réfugiés.

« Je suis pakistanais, comme tous ceux autour de moi. Les Afghans et les Iraniens se sont mis d'accord pour nous agresser. Ils ont frappé mon frère, et ils nous ont dit : "les papiers, c'est nous d'abord, et ensuite ce sera votre tour" », affirme un homme.

Devant la police grecque impassible, les Afghans retournent les accusations proférées à leur encontre par les migrants pakistanais. Pour eux, ce sont les Pakistanais, qui ont provoqué les incidents : « les Pakistanais disent que c'est à eux de passer en premier ! Mais nous, les Afghans, nous sommes venus avec nos familles, et la situation dans notre pays est très difficile ! Nous avons les talibans, les attentats suicides ... Nous ne pouvons pas vivre là-bas ! »

Les incidents de ce type deviennent quotidiens sur l'île de Kos. Ils se sont multipliés depuis que la police grecque a décidé d'appeler les migrants par nationalité, afin d'accélérer les procédures.

Les habitants désemparés

Face à cette situation les habitants de l'île sont partagés, entre la crainte de voir s'effondrer l'activité touristique de l'île, et un sentiment de compassion et de solidarité avec les réfugiés. Les touristes n'ont pas encore déserté le centre ville de Kos, mais les terrasses sont moins remplies qu'à l'accoutumée. Pour ce commerçant, la présence massive de réfugiés aura forcément un impact négatif sur son activité : « Il y a beaucoup d'Européens qui reviennent ici chaque année pour les vacances parce que Kos c'est tranquille et sûr ; mais maintenant, ça a changé ; il ne sont pas dangereux, ce sont des familles. Mais ils sont tellement nombreux pour une petite île de 25 000 habitants comme la nôtre. Pour nous, c'est pas bon. »

D'autres habitants de l'île se disent avant tout préoccupés par les conditions de vie de ces migrants. C'est le cas de ce photographe, qui a décidé d'accueillir chez lui plusieurs migrants qui se trouvaient à la rue : « Je les ai vus dehors, avec des enfants, alors je leur dit : "ok, venez chez moi !" Il y a beaucoup de Grecs qui essaient de les aider. Les Grecs, ça les rend tristes de voir cette situation, de voir ces enfants obligés de dormir dans la rue. Vous savez les Grecs ne sont pas racistes ! »

Pour les habitants de l'île de Kos, les mesures prises cette semaine par le gouvernement grec seront insuffisantes. Certains estiment qu'une seule chose pourra freiner l'afflux des réfugiés : le réveil du Meltémi, ce vent du Nord qui souffle tous les étés sur la mer Egée et qui serait à leurs yeux le meilleur moyen pour décourager les migrants de tenter la traversée.

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