Le Parlement grec a finalement donné son feu vert à l'ouverture de négociations sur la base de l'accord trouvé lundi au sein de l'Eurogroupe. Mais il n’est pas le seul à devoir voter. D'autres, parmi les parlements nationaux des 19 pays de la zone euro, doivent en faire autant.
La Diète nationale - le Parlement finlandais - l’a par exemple fait ce jeudi 16 juillet, par l'intermédiaire d'une instance de 25 députés habilités à se prononcer au nom de l'assemblée toute entière. Et ce fut un feu vert, dans ce pays nordique pourtant particulièrement hostile à toute nouvelle dépense au bénéfice d'Athènes.
Le vote des Cortes en Espagne ne sera que consultatif,et n’interviendra qu’en août, après le lancement éventuel du programme. En France en revanche, l’Assemblée nationale a déjà approuvé l’accord, mercredi. Dans le reste de l’Europe, où quelques parlements doivent encore voter dans les jours à venir, rien n’est joué pour autant. Un vote positif est néanmoins espéré par tous ceux qui estiment qu’un mauvais accord vaut mieux que pas d’accord du tout.
L'unanimité est requise
Dans six pays de la zone euro, à l'instar de la Finlande, un vote du Parlement national est censé être contraignant. C’est le cas en Slovaquie, où le Premier ministre va demander son feu vert à la commission parlementaire des Affaires européennes. Dans quatre autres pays, le vote du Parlement est non seulement contraignant, mais en outre obligatoire. C’est le cas en Allemagne, mais aussi en Autriche, en Estonie et en Lettonie.
Pour les pays où le vote est contraignant, un vote négatif sur la question grecque contraindrait le gouvernement à retirer sa signature. Il n’y aurait alors plus d’accord, puisque le plan de sauvetage requiert l’unanimité de la zone euro, explique notre correspondant à Bruxelles Pierre Benazet. Un seul vote négatif suffirait donc à remettre en cause à la fois les négociations, mais aussi la recherche d'une solution actuellement menée pour trouver les fonds nécessaires à la Grèce afin de faire face à ses remboursements les plus urgents.
Méfiance en Allemagne
Vendredi 17 juillet, pendant la matinée, ce sera au tour du Bundestag de Berlin de s'exprimer. Pour le ministre allemand des Finances, le vote du Parlement grec, mercredi, est « un pas important ». Mais Wolfgang Schäuble traduit la méfiance ambiante dans son pays en ajoutant que de laborieuses négociations sont encore nécessaires. Il insiste sur la question sensible de la dette, répétant qu'un « effacement véritable est incompatible avec l’union monétaire » et évoquant à nouveau sa proposition polémique d'une sortie temporaire de la Grèce de la zone euro.
M. Schäuble assure pour autant qu’il demandera avec « une conviction totale » au Parlement allemand de valider l’ouverture des négociations. Car si une majorité d’Allemands approuvent la stratégie qu'il mène au côté d'Angela Merkel et s’opposent à un « Grexit », 80 % d’entre eux ne font pas confiance à Athènes pour appliquer les réformes promises, rapporte notre correspondant à Berlin Pascal Thibaut.
C’est donc dans un climat de méfiance peu propice que le vote allemand va avoir lieu. Mais une majorité importante ne semble pas faire de doute au Parlement allemand. Chrétiens et sociaux-démocrates, au sein de la grande coalition, soutiennent cette décision ainsi que les Verts. Seul le parti de gauche Die Linke s’y oppose, critiquant la pression excessive qu’aurait subie la Grèce. Reste à savoir combien de députés conservateurs hostiles à toute nouvelle aide feront cette fois défaut à leur patronne Angela Merkel.
■ Deux signes encourageants venant de la BCE et de l'Eurogroupe
Les financements arrivent enfin pour la Grèce au bord de l'asphyxie. L'Eurogroupe est d'accord pour un prêt relais de 7 milliards d'euros , et la BCE relève les prêts d'urgence aux banques grecques de 900 millions d'euros sur une semaine. Des aides qui étaient plafonnées depuis fin juin à près de 89 milliards d'euros.
Cet argent frais tant attendu va permettre a Athènes de régler sa dette de 1,7 milliard d'euros au FMI et ainsi de ne plus être en défaut de paiement. Tout comme elle pourra rembourser la créance du 20 juillet de 3 milliards et demi d'euros à la BCE.
Plus qu'une bouffée d'air, c'est un message d'espoir que Mario Draghi a adressé aux Grecs. Le président de la BCE a reconnu la nécessité de réduire le poids de la dette qui se monte aujourd'hui à 180% du PIB de la Grèce, une charge beaucoup trop lourde. Une déclaration qui va dans le sens des préconisations du FMI qui depuis deux jours dit haut et fort que les Européens doivent étudier une restructuration de la dette grecque. Les discussions entre les créanciers sur les modalités vont donc s'ouvrir dans les semaines qui viennent.