Crise grecque: le couple franco-allemand dans la tempête

Ces dernières semaines, avec la crise grecque, le couple franco-allemand a été très malmené. Aujourd’hui, alors qu'une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro est sur la table, on ne sait même plus si l’objectif des deux pays est le même.

A Bruxelles, les voix françaises et allemandes dissonent sérieusement. Quand Angela Merkel déclarait ce dimanche qu’« il n’y aurait pas d’accord à n’importe quel prix », François Hollande expliquait au même moment que Paris allait « tout faire pour trouver un accord ». Pour le président français, c’est « l’avenir de l’Europe » qui se joue dans cette crise grecque. La chancelière allemande affirmait il y a dix jours exactement le contraire devant le Bundestag. Depuis, la possibilité d'un « Grexit » a été intégrée par beaucoup.

Pour éviter ce scénario, Paris a envoyé ses conseillers aider Athènes sur ses propositions de réformes. Car François Hollande veut avancer vite. Cela a d’ailleurs provoqué des tensions avec Angela Merkel qui, à l’annonce du référendum la semaine dernière, a préféré attendre son résultat. Il a fallu une visite de la chancelière à Paris au lendemain du scrutin pour réaffirmer l’entente entre les deux pays.

Certes, ce n’est pas la première fois que l’Allemagne et la France partent d’une position éloignée pour trouver un accord, mais ce qui pouvait ressembler à un système – Berlin parlant de fermeté quand Paris met l’accent sur le compromis – semble aujourd’hui s’être singulièrement radicalisé. D’autant que selon l’ancien ministre grec Varoufakis l'Allemagne voudrait « faire de la Grèce un exemple pour faire entrer dans le rang » des Français moins bons élèves que Berlin pour ce qui est de l’orthodoxie budgétaire. La crise grecque, quelle que soit son issue, laissera des marques.

Un sujet brûlant en France

Menaçant l’entente franco-allemande, le dossier grec s’invite aussi dans le débat politique français comme rarement une question européenne n’était parvenue à le faire. Comme Maastricht, le référendum sur la Constitution ou le Traité de Lisbonne avant elle, la crise grecque est devenue un sujet brûlant, renforçant les divergences entre la majorité et l’opposition. Du côté du PS, on fait bloc derrière François Hollande en écartant la possibilité d’un « Grexit ». Le premier secrétaire du parti Jean-Christophe Cambadélis a même appelé dans un communiqué son homologue allemand Sigmar Gabriel à faire pression sur Angela Merkel.

A droite, les positions qui étaient dans un premier temps partagées, oscillant entre rigueur et indulgence, se sont soudainement rapprochées avec les révélations sur l’aide discrète apportée par le gouvernement à Athènes. Dans une lettre ouverte à François Hollande publiée dans le JDD, François Fillon qualifie l'attitude du président d'un « trouble jeu ». Depuis Bruxelles, Nicolas Sarkozy a lui appelé François Hollande « à se ressaisir » et, invoquant le sacro-saint « leadership franco-allemand », à se ranger du côté d'Angela Merkel.

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