Plusieurs pays refusent toujours d’apporter une nouvelle aide financière à la Grèce sans avoir au préalable des garanties sur la mise en œuvre des réformes promises par Alexis Tsipras (voir encadré). Emmenés par l’Allemagne d’Angela Merkel, ils ne veulent plus seulement des engagements de la part du chef du gouvernement grec, rapporte notre envoyé spécial à Bruxelles, Daniel Vallot. Ils demandent que les premières mesures sur les retraites, la TVA ou les privatisations soient votées d'ici mercredi par le Parlement grec. Telle est la proposition soumise aux chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro par leurs ministres des Finances.
Dans cette hypothèse, les négociations en vue d’un plan de sauvetage de la Grèce pourraient être relancées, a expliqué le ministre finlandais des Finances. « Si nous devons ouvrir des négociations pour un plan d'aide financière, il faut que ces conditions soient approuvées à la fois par le gouvernement et par le Parlement grec. Dans ce cas uniquement, nous pourrons discuter de la suite », tempère Alexander Stubb.
L'Eurogroupe a par ailleurs évalué entre 82 et 86 milliards d'euros le nouveau programme d'aide financière dont la Grèce a besoin, et à condition que le FMI y prenne sa part. Mais ces financements supplémentaires allourdiraient encore la dette grecque, alors que l'Eurogroupe exclut toute restructuration dans le cadre de la zone euro.
François Hollande opposé au « Grexit »
Alexis Tsipras se dit prêt à un « accord honnête ». « Nous pouvons arriver à un accord ce soir si toutes les parties le veulent », a déclaré le Premier ministre grec. Dans le cas contraire, le scénario d’une sortie provisoire de la Grèce de la zone euro ressurgirait. Ce scénario figure noir sur blanc comme une possibilité en cas d’échec des négociations dans le texte qui a été soumis ce soir par l’Eurogroupe aux chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro.
François Hollande, lui, compte tout faire pour éviter le « Grexit ». « L’enjeu, c’est l’Europe », a-t-il déclaré avant la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement. « La France va tout faire pour trouver un accord ce soir permettant à la Grèce, si les conditions sont remplies, de rester dans la zone euro, et permettant à l’Europe d’avancer, a annoncé le président français. La Grèce a déjà fait des efforts. Il y a des réformes qui sont nécessaires. Elle doit faire la démonstration qu’elle est prête à les engager rapidement. A ce moment-là, l’Europe tout entière, la zone euro, doit dire qu’elle apporte son soutien ».
Les durs de l’Eurogroupe
Il y a d'abord l’Allemagne, le pays qui a payé le plus pour venir en aide à la Grèce : 95 milliards d’euros. C’est le chantre de l’orthodoxie budgétaire en Europe. Selon l’ancien ministre des Finances grec Varoufakis, Berlin voudrait même « faire de la Grèce un exemple pour faire entrer les Français dans le rang ». Elle est soutenue par la Slovénie, qui a donné l’équivalent de 3,38 % de son PIB pour aider la Grèce. L'Autriche soutient l'Allemagne sur sa ligne dure, même si elle a déjà exprimé des critiques concernant la troïka.
La Finlande a beau être un pays riche, elle en est à sa troisième année de récession, et son extrême droite, qui participe au gouvernement, est très intransigeante vis-à-vis de la Grèce. La Slovaquie, de gauche ou de droite, a toujours été contre un soutien financier à Athènes et favorable à sa sortie de la zone euro – entre autres parce qu'elle estime être plus pauvre que la Grèce. Un avis que partage la Lettonie. Elle qui a dû passer par une cure d’austérité pour entrer dans l’euro, estime que la Grèce n’a pas fait ces efforts. Les Pays-Bas, enfin, doutent tout simplement de la capacité d’Athènes à se réformer. Ils ont du poids dans ces discussions : leur ministre des Finances est aussi président de l’Eurogroupe.