Avec notre envoyé spécial à Athènes, Romain Lemaresquier
Quatre jours après leréférendum grec, qui s’est transformé en véritable plébiscite pour le Premier ministre Alexis Tsipras, l’ambiance dans les rues d’Athènes est au pessimisme, ou du moins au scepticisme, concernant le règlement de la crise de la dette et le maintien du pays dans la zone euro.
Il y a urgence, c’est le moins que l’on puisse dire. Urgence d'abord pour que le gouvernement d’Alexis Tsipras parvienne à trouver un accord avec ses créanciers avant que les Grecs ne finissent par perdre patience. Car la situation au quotidien se complique chaque jour. Les Athéniens, à l’image du reste du pays, préfèrent envisager le pire et retirent, quand ils en ont les moyens, les 60 euros quotidiens (ou plutôt 50, dans les faits) auxquels ils ont droit dans les distributeurs.
Même s’ils sont minimes, ces retraits ont un impact sur le peu de réserves dont disposent les banques grecques, malgré le contrôle des capitaux promulgué par Alexis Tsipras. Concernant la fonction publique, lundi prochain 13 juillet, la moitié des salaires doit être versée - c'est le mode de fonctionnement en Grèce. Mais tant qu’il n’y a pas d’accord, ces versements ont peu de chance d’être effectués.
Le « Grexit » bénéfique à moyen terme ?
Les Grecs envisagent sérieusement le pire scénario, malgré les avancées ces dernières 24 heures dans les négociations en vue d’obtenir un accord. Athènes a jusqu’à ce jeudi soir, à minuit, pour présenter un programme de réformes complet. Ce n’est qu’après cette échéance que les Grecs pourront être rassurés sur leur avenir, voire pourquoi pas retrouver une joie de vivre qui semble s’atténuer de jour en jour.
Car pour l'heure, plus les négociations entre Athènes et ses créanciers traînent en longueur, et plus les Grecs commencent sérieusement à envisager un retour de la drachme, ou tout du moins la création d'une monnaie nationale. Une question qui divise, puisque certains estiment que cela pourrait être bénéfique à moyen terme, quand d'autres s'inquiètent.
Pour Thanasis par exemple, jeune entrepreneur, une sortie de l'euro compliquerait encore plus la situation. Selon lui, à défaut d'être « une catastrophe », « ce serait un cauchemar, mais c'est une hypothèse tout à fait envisageable. Ce serait encore plus de complications pour nous. »
Certains préfèrent ne pas y penser
Pour Christos, un chômeur de 35 ans, un retour à la drachme rendrait sa vie encore plus compliquée qu'elle ne l'est déjà aussi. « Ce sera très difficile, car il n'y aura plus d'argent et nous ne pourrons plus acheter quoi que se soit. Le passage de l'euro à la drachme sera très douloureux. » La fin de l'euro, une hypothèse envisagée par de nombreux Grecs. Mais certains préfèrent ne même pas y penser.*
Il y a aussi ceux qui misent carrément sur une solution iconoclaste, comme Helena : « Pour moi, dit-elle, l'éventualité d'une sortie de l'euro pour passer au dollar est plus envisageable qu'un retour de la drachme. » Nous n'en sommes pas encore là, puisque Athènes va tenter d'obtenir un accord in extremis avec ses créanciers pour éviter une sortie de l'euro avant la tenue d'un sommet extraordinaire des chefs d'Etat européens dimanche à Bruxelles.
En cas d'échec, nul doute en revanche : le retour de la drachme ne sera plus seulement une hypothèse envisagée mais une réalité. En attendant, les banques grecques vont rester fermées jusqu'à lundi prochain, le 13 juillet. Elles auront suffisament de liquidités pour alimenter leurs distributeurs de billets jusqu'à cette échéance, a par ailleurs fait savoir jeudi Louka Katseli, le président de la fédération bancaire grecque. Pour rappel, cette fermeture du réseau bancaire a été prononcée le 29 juin dernier.