De notre correspondante à Rome,
De toute évidence l’Italie attend un soutien encore plus généreux de l’Europe pour faire face aux flux migratoires et partager les responsabilités en termes d’accueil des réfugiés. La lettre ouverte de Matteo Renzi dans le prestigieux quotidien La Stampa est un nouvel appel en ce sens. Il estime que « trop de pays sont politiquement bloqués dans leurs décisions par les pressions de l’opinion publique ». Il les invite donc à « surmonter la peur » en acceptant, et en appliquant, le principe de la solidarité et de la responsabilité commune. Il affirme que « si l’Italie doit faire face à l’urgence toute seule, elle le fera ». Mais, dit-il, « dans ce cas, c’est l’Europe qui sera perdante». L’Europe doit avoir une stratégie, ce qui a manqué en Libye, souligne le président du Conseil et il faut dire «non aux murs, d’autant que l’histoire a toujours été marquée par les flux migratoires».
L'hospitalité italienne selon Renzi
Matteo Renzi semble vouloir jouer le rôle du héros d’un pays qui veut rester une terre d’accueil mais parallèlement, il cherche des alliés pour bloquer les départs de migrants des côtes libyennes. En effet, mercredi 24 juin, la presse italienne a parlé d’un accord entre le Premier ministre britannique David Cameron et Matteo Renzi pour mettre en place, avec le soutien de l’Union européenne, « des camps d’accueil en Tunisie et au Niger, afin d’intercepter et de filtrer les migrants avant qu’ils ne se dirigent vers la Libye.» Mais ce projet sera-t-il vraiment abordé au cours du Conseil européen ?
Le rapatriement des migrants économiques
Par ailleurs, le président du Conseil italien a déclaré devant le Parlement que le rapatriement de migrants dits économiques ne doit pas être considéré comme un tabou : « Sur ce point, nous nous sommes montrés trop timides. La gauche italienne ne doit pas craindre le respect des règles. Si un migrant n’obtient pas le droit d’asile, il doit pouvoir être rapatrié rapidement dans son pays d’origine ». De fait, on sait que Rome tente de nouer de nouveaux accords de réadmission sur le modèle de ceux déjà existants, avec l’Albanie, le Maroc et la Tunisie. La Gambie a donné son feu vert, à la fin du mois de mai, et le gouvernement espère parvenir à convaincre d’autres pays, notamment la Côte d’Ivoire et le Sénégal. L’objectif, affirme ce matin le quotidien Il Corriere della Sera, serait d’organiser deux vols charter par semaine, en direction de pays qui ont signé des accords de réadmission.