Après plusieurs années d’investigation, les procureurs italiens demandent la mise en examen de près de 300 personnes. La justice les soupçonne d’être impliqués dans le blanchiment d’argent, la prostitution, l’exploitation d’ouvriers illégaux ou encore dans la fraude fiscale et la vente de contrefaçons. Pour la plupart, il s’agit de Chinois vivant en Toscane et notamment à Prato, surnommé le « China Town » italien depuis que de nombreux Chinois s’y sont installés il y a 20 ans, d’abord comme ouvriers. Ces ouvriers ont ensuite pu ouvrir des commerces ou mêmes des usines, notamment dans l’industrie du textile.
Une activité qui rapportait gros : 4,5 milliards d’euros auraient été envoyés vers la Chine, entre 2006 et 2010. Pour ne pas éveiller la vigilance des autorités financières, les malfaiteurs envoyaient ces fonds en petites coupures. Jamais au dessus de 2 000 €. Des sommes envoyées soit via des bureaux de transferts d’argent ou via une banque et pas n’importe laquelle : il s’agirait de la Banque de Chine, donc l’une des plus grandes banques chinoises, contrôlée par l’Etat.
Elle aurait ainsi aidé à transférer en tout plus de 2 milliards d’euros et touché près de 760 000 euros en commissions. Les procureurs visent quatre salariés de la succursale de Milan qui auraient omis de signaler ces transactions suspectes et aidé à camoufler l’origine de cet argent.
Aucune coopération de la Chine
Les procureurs n’ont pas pu mener leurs investigations en Chine. Seule réaction : le journal officiel Global Times a jugé les révélations « bizarres » et cite un expert qui estime que la Banque de Chine n’a aucune obligation de coopérer avec la police italienne. C’est pour le moins étonnant quand on sait que Pékin réclame régulièrement une meilleure coopération judiciaire, notamment pour traquer des officiels corrompus qui ont trouvé refuge en Europe.