De notre correspondante à Pékin,
Les fonctionnaires chinois veulent se reconvertir dans le secteur privé. Depuis le Nouvel an chinois fin février, le meilleur moment de l’année pour chercher un nouvel emploi en Chine, plus de 10 000 officiels ont posté leur candidature sur le site internet Zhaopin.com, l’un des grands sites de recherche d’emploi basé à Pékin. C’est un chiffre en hausse de 30% par rapport à l’année dernière et c’est la première fois que les fonctionnaires tiennent le haut de la liste. Les employés du service public semblent être particulièrement attirés par un poste dans le commerce électronique, les agences immobilières ou bien par un travail dans une banque.
Finies les voitures de fonction
L’une des causes de ce désamour pour le service public est certainement la campagne anti-corruption lancée il y a deux ans par le président Xi Jinping. Finies les voiture de fonction, finis les tapis rouges et les réunions de travail dans les hôtels de luxe, plus question d’accepter des pots-de-vin ou des invitations sur un terrain de golf : le serviteur d’Etat chinois doit désormais être exemplaire. Ce régime sec ne plaît pas à tout le monde. Les jeunes diplômés cherchent aujourd’hui à faire carrière ailleurs. En 2010, ils étaient 1,6 millions à postuler pour l’un des 16 000 postes à pourvoir. En 2014, ils n’étaient que 1,4 millions pour 22 000 postes libres dans l’administration. De nombreuses écoles de formation ont d’ailleurs du mettre la clé sous la porte faute de jeunes qui s’inscrivent pour devenir fonctionnaires.
Devenir fonctionnaire, un emploi qui avait la côte
Pourtant, la fonction publique a toujours été considérée comme une assurance vie par les Chinois. Sous l’ère de Mao, on parlait du « bol de riz en fer » : devenir fonctionnaire était le rêve de réussite de millions de Chinois. Sécurité sociale assurée, retraite garantie : un emploi peut-être mal payé mais stable qui avait la cote parmi les diplômés. Mais des réformes du système de la retraite et de la sécurité sociale sont passées par là, et petit à petit, le métier a perdu ses attraits. Et cela même si les autorités ont dégelé les salaires il y a quelques mois. Pour la première fois depuis 2006, les revenus ont été augmentés mais ils restent encore nettement en dessous des salaires payés dans le secteur privé.