Avec notre correspondante à Athènes, Charlotte Stiévenard
Le vice-président du Parlement grec Alexis Mitropoulos a déjà émis un doute sur le contenu des réformes proposées par le gouvernement : « Je crois que ce programme, tel qu'il est, […] est difficile à faire accepter par nous ». C'est ce qu'a déclaré ce membre de l'aile gauche du parti dans une interview à la chaine de télévision Skai. Ces dernières semaines, plusieurs députés de ce courant se sont exprimés contre de nouvelles mesures d'austérité.
En plus des tensions internes à la gauche radicale, le gouvernement devra également convaincre ses partenaires de la coalition, les Grecs indépendants, un parti anti-austérité lui-aussi. Une nécessité puisque Syriza n'a que 149 sièges sur les 300 de l'assemblée.
Le porte-parole du gouvernement a donc appelé à la « responsabilité individuelle » des parlementaires. Gavril Sakellaridis a rappelé que si l'accord ne passait pas avec les voix de la majorité « le gouvernement ne pourrait pas rester » en place.
Pour le consultant politique Giorgos Sefertzis, interrogé par RFI, trois scénarios se dessinent pour Alexis Tsipras : « Le premier, c’est d’aller aux élections anticipées tout en risquant d’avoir des pertes qui lui coûteront peut-être même le gouvernement. Le deuxième choix, c’est d’être soutenu par les députés d’autres partis pro-européens, de pouvoir continuer à gouverner sans avoir l’appui de son parti d’origine. Le troisième choix, c’est de rentrer de Bruxelles et de dire : "moi, ce que j’ai essayé de faire, je le fais. Je ne peux pas accepter les termes de l’accord proposé par les créanciers du pays, donc je démissionne et je fais appel soit à l’Assemblée, soit au peuple pour choisir le chemin à suivre". »
■ Des Grecs pris à la gorge
Avec notre envoyée spéciale à Athènes, Aabla Jounaïdi
La rue grecque réagit au diapason des partenaires de Syriza et affiche un même scepticisme. Rue Stournari, la rue des petits commerces dans le centre d'Athènes, les panneaux « à vendre » ou « à louer » fleurissent sur les devantures de boutiques aux rideaux de fer baissés. Nikitas et son commerce de matériel informatique tient bon mais il se demande encore pour combien de temps : « Depuis 2010, je peux vous dire que mes recettes ont dégringolé de 50%. Les gens n'achètent plus et surtout les taxes nous assomment. Elles ont augmenté de 30%. J'ai dû licencier quatre employés, on est deux maintenant. »
Les taxes. C'est de loin le mot qui revient le plus souvent dans la bouche des commerçants de Stournari pour expliquer le marasme. Ils suivent d'heure en heure les discussions en cours à Bruxelles. Pour Apostollo, qui tient une papèterie dans le quartier, les taxes vont encore augmenter : « Je n'ai licencié personne, je n'ai pas baissé les salaires. On est tous dans le même bateau. La contrepartie c'est que je n'ai plus un sou à la banque, rien que des dettes. L'Etat s'est toujours attaqué aux petites entreprises. La solution, c'est de réduire le secteur public. Nous, on ne coûte rien à l'Etat ».
Les petites et moyennes entreprises qui concentrent 85% des emplois privés ont été de loin les plus durement frappées par la récession.