Grèce: enfin un pas en avant vers une sortie de crise

Les 19 chefs d'Etats et de gouvernement de la zone euro ont clos leur réunion au sommet à Bruxelles ce lundi soir sur une note optimiste. Les propositions de compromis faites par la Grèce ont été favorablement accueillies par ses créanciers internationaux et par les 18 autres pays de la zone euro. L'accord n'est pas finalisé mais on semble désormais beaucoup plus proche d'un dénouement alors que la Grèce doit rembourser 1,6 milliard d'euros au FMI le 30 juin. Un remboursement auquel elle ne pourra faire face sans aide internationale et donc sans accord avec ses créanciers.

Avec notre bureau à Bruxelles,

Pour la première fois depuis près de quatre mois que les négociations ont commencé, les propositions de réformes faites par la Grèce ont été jugées suffisantes par les Européens et les bases d'un accord sont aujourd'hui réunies, selon les mots mêmes de François Hollande et du président de la Commission européenne. Jean-Claude Juncker souligne que les propositions grecques « constituent un pas majeur » en direction des institutions créancières et il se dit convaincu qu’on arrivera cette semaine à un accord d’ensemble.

On aperçoit donc enfin le bout du tunnel, mais les Européens restent prudents et n'en sont pas encore à exprimer leur soulagement de voir s'éloigner la perspective d'un défaut de paiement de la Grèce et de son éventuelle sortie de la zone euro. Il reste maintenant à affiner les détails.

L’objectif central réclamé par les créanciers : un surplus budgétaire, hors incidence de la dette, de 1 % cette année, progressant jusqu’à 3,5 % en 2018. Celui-ci serait respecté notamment par l’imposition au taux normal de TVA de 23 % de l’ensemble du secteur hôtellerie et restaurant. Même si ce sont pour l’essentiel les touristes qui paieront la note, la difficulté ici sera de faire entrer l’impôt, ce qui ne constitue pas vraiment un réflexe naturel chez les professionnels de ce secteur. L’impôt sur les sociétés augmenterait de trois points pour atteindre les 29 % et une surtaxe frapperait les bénéfices nets de plus de 500 000 euros par an. Enfin, l’achat et la propriété des signes extérieurs de richesse les plus courants feraient l’objet d’une taxe de luxe. La Grèce a également proposé de réformer les systèmes de retraites sans toutefois toucher aux montants des pensions. Il s'agirait de restreindre les possibilités de préretraites et de reculer l'âge de départ.

Jean-Claude Juncker de son côté a levé le voile sur une proposition inédite de la Commission européenne qui est de contribuer à hauteur de 35 milliards d’euros sur les cinq prochaines années, non pas pour abonder le budget de l’Etat grec, mais pour favoriser la croissance des entreprises. En revanche, il n’a pas été question, comme les Grecs l’avaient espéré, de la gestion future de la dette cumulée de leur pays.

Les experts ont deux jours pour calculer l'impact financier des propositions faites par la Grèce. Ce calcul sera présenté mercredi soir aux 19 ministres des Finances de la zone euro. A charge pour eux de finaliser le texte d'un accord final qui pourrait en fin de compte être simplement avalisé par les chefs d'Etats et de gouvernements lors du prochain sommet européen de jeudi. Il ne restera plus alors qu'à obtenir l'aval du Parlement grec puis la ratification du Bundestag et des Parlements finlandais et néerlandais. Autant d'occasions de voir le processus dérailler à nouveau.

La BCE, la banque centrale européenne, indique ce mardi 23 juin avoir une nouvelle fois relevé son plafond d'aide d'urgence aux banques grecques. C'est la quatrième fois depuis mercredi 17 juin. Cette mesure vise à compenser les importants retraits de liquidités effectués ces derniers jours par les entreprises et les particuliers qui craignent un défaut de paiement de la Grèce.

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